Instagram RSS

Elections municipales : un deuxième tour aux multiples enseignements

Le deuxième tour des municipales le 28 juin dernier, s’est déroulé dans un contexte inédit, la crise sanitaire liée au Covid 19, et donc trois mois après le premier tour. Ce contexte doit être pris en compte notamment pour expliquer une abstention record, de l’ordre de 58,4 %, du jamais vu à ce type d’élections.

Mais la crise sanitaire ne peut à elle seule expliquer une telle abstention. Elle est l’expression de la crise démocratique extrêmement grave que connaît notre pays depuis longtemps : nombreux et nombreuses sont ceux et celles qui se détournent de la politique et déclarent ne plus être intéressé-e-s par les élections. La faillite des dirigeant-e-s politiques à l’échelle locale comme nationale, les politiques libérales et austéritaires quels que soient les gouvernements qui se sont succédés depuis trente ans, les institutions anti démocratiques de la Vème république et l’usage qui en est fait par l’actuel président, ont fini par décourager des millions de nos concitoyen-n-e-s.

Le deuxième enseignement de ces élections c’est la poussée de l’écologie globalement dans les grandes villes. Là il faut présenter ces résultats de manière précise, car si on peut se réjouir que la question de l’écologie devienne centrale aujourd’hui, les alliances autour de l’écologie ne dirigent pas la majorité des villes de ce pays.

Quelques chiffres intéressants à analyser :

– Des maires écologistes vont gérer sept villes sur les 42 de plus de 100 000 habitants, le Rassemblement national et le PCF une, la majorité présidentielle 2, le PS 13, la droite 16.

– sur les 88 villes de 50 000 à 100 000 habitants, 49 seront dirigées par des exécutifs de droite, 31 par des maires PS ou divers gauche, 3 par les communistes et par la majorité, une seule par un écologiste.

– Dans les 140 villes moyennes de 30 000 à 50 000, 4 maires écologistes seront élus. 60 % de ces villes seront dirigées par la droite, 34 % par le PS.

Les grands perdants de ce scrutin, et on peut s’en réjouir, c’est LREM. Le parti présidentiel avait montré déjà de grandes difficultés à constituer des listes autonomes. Aussi LREM, comme à Toulouse, a pratiqué la politique « du coucou », s’arrimant ou soutenant des listes de droite, une démonstration, si c’était encore nécessaire de la faire, de ce qu’est LREM, un parti de droite assumé.

Pour en revenir à la poussée écologiste, il est à noter que celle ci s’est opérée dans le cadre d’alliances avec divers partis de gauche, que cette poussée est très forte, et qu’elle est le reflet d’une exigence de changements profonds de société. Même si cette poussée concerne surtout les grandes agglomérations urbaines.

Ces coalitions ont bénéficié aussi de dynamiques citoyennes, la crise du covid ayant accéléré la prise de conscience des dégâts irrémédiables provoqués par le système libéral à la planète.

Est-ce un espoir pour l’avenir ? Oui, à quelques conditions près. En effet il ne s’agit pas de promouvoir des unions de la gauche relookees en vert. Il s’agit pour l’avenir et pour les prochaines élections, de construire des rassemblements unitaires à gauche et pour l’écologie, rompant avec toutes les politiques libérales. S’il s’agit de porter un projet de transformation sociale et écologique, il doit se nourrir aussi des mobilisations sociales revendiquant un monde meilleur, des sociétés de justice sociale et d’égalité, l’exigence démocratique ou encore la transition écologique.

C’est au prix de cette ambition que nous récréerons de l’intérêt et de l’espoir. Face à la macronie et à l’extrême droite, pas de « ventre mou », de tergiversations sur les mesures à prendre : notre projet doit assumer résolument la rupture avec le productivisme, les politiques antisociales. Il est incompatible avec le système actuel. Aussi il ne faut pas se laisser enfumer par le président de la république qui va essayer de redorer son image avec les annonces de ce dernier suite à la convention pour le climat. Ne soyons pas dupes, Macron ne retient surtout pas la taxation des plus riches pour financer la transition écologique. Pas de surprise pour celui qui est le président des plus riches.

La construction d’une alternative avec forces de gauche, de l’écologie, acteurs et actrices du mouvement social, syndical et associatif, collectifs citoyens, ne sera pas un long fleuve tranquille. Mais c’est à cette tâche que nous devons nous atteler dès à présent.

Le 30 juin 2020. Déclaration de Myriam Martin, Ensemble, France Insoumise, conseillère régionale Occitanie.