Les élections générales en Turquie se tiendront le 14 mai 2023. L’enjeu est de taille car, au vu de la configuration politique actuelle, ces élections peuvent déboucher sur une défaite du régime de R.T. Erdogan, dont le parti l’AKP est au pouvoir depuis 2002. Cette possibilité de défaite, déjà forte après les pertes des plus grandes villes du pays par le régime lors des élections municipales de 2019, s’est accentuée du fait de l’incurie des services de l’État face au tremblement de terre qui a causé plus de 50 000 morts en Turquie le 6 février 2023. En 1999 déjà, à la suite du tremblement de terre de la Marmara, le même spectacle navrant de l’incapacité d’institutions corrompues à faire face aux conséquences matérielles et humaines de la catastrophe avait facilité l’accès de l’AKP au pouvoir.
En outre, quelques rappels succincts du contexte socio-économique turc doivent être évoqué pour comprendre l’arrière-plan du processus électoral actuel :
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Après une période d’expansion à travers une intégration plus poussée dans le capitalisme mondial et une économie orientée vers l’exportation industrielle, la Turquie a été très fortement touchée par la crise de 2008. Ce marasme économique s’est accéléré ces dernières années à cause de la conduite d’une politique économique « non orthodoxe » erratique court-termiste1.
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Depuis la crise de 2008, l’AKP au pouvoir a connu une fuite en avant autoritaire qui s’est accentuée à mesure que cette évolution générait des oppositions dans la société, a fortiori avec l’engagement du régime turc en Syrie.
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La question kurde, qui occupe une place structurelle en Turquie depuis la formation de la République, a évolué d’une position gouvernementale libérale qui s’était traduite par l’ouverture de négociations, à une position nationaliste répressive depuis plusieurs années avec des milliers de maires, responsables politiques et militants du mouvement kurde mis en prison (ainsi que des animateurs de mobilisations de gauche).
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Enfin, en 20 ans, l’AKP s’est embourbé dans un marécage de corruption tandis que le parti en lui-même, initialement machine politique de masse extrêmement efficace avec de nombreux lieutenants d’Erdogan ayant leur propre existence politique, est devenu une coquille vide composée d’inconnus bénéficiant seulement des moyens de l’Etat et des satellites du régime (l’écrasante majorité des médias).
Dans ce contexte, la tenue des élections générales dans quelques semaines se fera sous le mode du double scrutin : un premier tour de l’élection présidentielle et les élections législatives qui se tiendront en même temps. L’élection présidentielle s’organise en deux tours entre les deux candidats ayant obtenu le plus de voix si aucun candidat n’atteint la majorité au premier tour. Régime présidentialiste fort, notamment depuis la suppression du poste de premier ministre, les ministres constituent un cabinet avec le président de la République dont les pouvoirs sont étendus. Il n’existe qu’une seule assemblée élue au scrutin départemental de liste avec certaines dispositions spécifiques qui sont cruciales (voir plus loin).
Les acteurs en présence
Le régime se présente sous les couleurs du Cumhuriyet İttifakı (Alliance de la République). Sa plateforme est celle d’un nationalisme autoritaire, profondément néolibéral et de plus en plus conservateur et anti-droit des femmes. Elle est composée de :
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L’AKP, Parti de la Justice et du Développement : nationaliste, conservateur, néolibéral, au pouvoir depuis 2002, et comptant 285 députés sur 600.
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Le MHP, Parti de l’Action Nationaliste : ultranationaliste, principal allié de l’AKP au parlement, 48 députés.
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Le BBP, Parti de la Grande Union : petit parti ultranationaliste, conservateur, 1 député.
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Le YRP, Nouveau Parti de la Prospérité : petit parti, ultraconservateur.
3 partis soutiennent cette alliance de l’extérieur :
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Le Hüda-Par, Parti de la Cause Libre (sur les listes de l’AKP), ultraconservateur-jihadiste, parti mineur, branche politique du Hizbullah de Turquie auteur de nombreux assassinats durant les années 90 contre le mouvement national kurde2.
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Le DSP, Parti de la Gauche Démocratique, « centre-gauche » nationaliste, parti fantôme
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Le BTP, Parti de la Grande Turquie, conservateur-nationaliste, parti mineur
Le principal concurrent électoral de l’Alliance de la République est le Millet İttifakı (Alliance de la Nation), dont la plateforme politique est essentiellement un libéralisme politique anti-corruption, et un libéralisme économique mâtiné de droits sociaux minimaux. La jonction entre les deux est l’engagement à récupérer 418 milliards de dollars estimés avoir été volés à l’Etat par le régime et ses affidés. Cette alliance est composée du :
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CHP, Parti de la République et du Peuple : centre-gauche nationaliste, principal parti de la coalition, 134 députés.
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İYİ, Bon Parti : principal partenaire du CHP, ultranationaliste « oppositionnel », 36 députés.
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Saadet, Parti de la Sérénité : islam politique, conservatisme, parti mineur, 1 député.
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Gelecek Partisi, Parti de l’Avenir : scission AKP, national-conservateur, parti mineur, aucun député.
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DEVA, Parti Démocratique du Progrès : scission AKP, petit parti libéral, 1 député.
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Parti Démocrate : droite conservatrice, parti fantôme, 2 députés.
La deuxième alliance d’opposition est l’Emek ve Özgürlük İttifakı (Alliance du Travail et de la Liberté), ses composantes sont :
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Le HDP, Parti Démocratique des Peuples : mouvement national kurde, de gauche. Principal parti de cette alliance, 57 députés.
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Le TİP, Parti Ouvrier de Turquie, gauche radicale, parti mineur, 4 députés.
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L’EMEP, Parti du Travail, gauche radicale, hoxhaiste, parti mineur, aucun député.
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Le YSP, Parti Vert de Gauche : aucun député.
De moindre importance, l’alliance d’opposition ATA est composée du :
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Zafer Partisi : Parti de la Victoire, ultranationaliste focus anti-syrien, parti mineur, 1 député.
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L’AP, Parti de la Justice : parti fantôme.
Enfin, se présente en dehors de toute alliance le Parti du Pays, nationaliste, fondé par l’ancien candidat à l’élection présidentielle du CHP, Muharrem Ince, en 2018 mais qui depuis a rompu avec son parti.
Le scrutin présidentiel
Si la détermination du candidat du régime semble une formalité, le président sortant Recep Tayyip Erdogan, cette candidature est en fait très probablement illégale puisque la constitution prévoit un maximum de deux mandats consécutifs. Or, R.T. Erdogan a déjà réalisé deux mandats consécutifs de président par le biais d’un contournement consistant à considérer que la révision constitutionnelle de 2017 remettait les comptes à zéro. En outre, R.T. Erdogan n’a jamais pu prouver un document original d’un diplôme universitaire alors que la constitution turque stipule qu’il faut être diplômé du supérieur pour être candidat à la présidentielle. Il ne s’agit que d’une illustration, anecdotique, de l’alignement de l’essentiel de l’appareil judiciaire sur la présidence et des nombreux avantages dont dispose le régime dans la compétition électorale. Le régime dispose également du contrôle absolu sur le service public et du soutien de l’écrasante majorité des médias privés, ainsi que d’une partie de la bourgeoisie qui s’est développée dans son ombre. Il est également en mesure de frauder, en particulier au Kurdistan où il est à l’abri grâce au contrôle militaire qui y est imposée et à la mise sous tutelle des communes dont les maires de l’opposition ont été mis en prison (l’importance de l’opposition dans les plus grandes villes pour la plupart dirigés par le CHP y rend les fraudes plus difficiles).
Néanmoins, l’ampleur de la crise économique et sociale est telle, le désarroi si grand, que malgré ces avantages immenses la victoire de R.T. Erdogan semble mal assurée. Cela même si le régime a bénéficié pendant un certain temps des atermoiements des oppositions en ce qui concerne la candidature à la présidentielle. Il existait en effet deux questions : qui sera le candidat de l’Alliance de la Nation et est-ce que l’Alliance du Travail et de la Liberté le soutiendrait ?
La réponse à la première question tenait dans cette contradiction : le président du CHP Kemal Kılıçdaroğlu souhaitait, contrairement aux fois précédentes, être le candidat de l’opposition tandis que son principal partenaire le Bon Parti préférait le maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu ou le maire d’Ankara, Mansur Yavaş (auparavant membre du parti d’extrême-droite MHP de 1989 à 2013). Si la raison évoquée par le Bon Parti était que K. Kılıçdaroğlu n’avait pas le profil le « plus éligible », c’est sans doute l’identité alévi (chiite hétérodoxe) du président du CHP, dans un pays en grande majorité sunnite, qui constitue la véritable raison du refus. Mais entre le profil d’Ekrem İmamoğlu renforcé par les attaques judiciaires que le régime a menées contre lui3 et le fait que Mansur Yavaş constituait une option inacceptable pour le mouvement kurde au regard de son passé, la désignation du candidat de l’Alliance fut une question insoluble jusqu’au bout… La direction du CHP finit par convaincre les autres petits partis de droite de l’alliance de soutenir Kemal Kılıçdaroğlu en étant particulièrement généreux pour l’élection parlementaire et les positions dans l’exécutif en cas de victoire. Cela provoqua la rupture avec le Bon Parti qui déclara quitter l’Alliance lors d’un discours extrêmement virulent de sa présidente Meral Akşener. Toutefois, celle-ci et l’état-major avaient totalement sous-estimé les conséquences extrêmement négatives de cette rupture au sein des secteurs de la société voulant en finir avec l’erdoganisme. En outre, le Bon Parti n’avait aucune solution de rechange puisque les maires d’Istanbul et d’Ankara avaient décliné ses offres de services et avaient réaffirmé leur loyauté envers la direction de leur parti. Totalement acculé, quelques jours seulement après avoir quitté l’Alliance de la Nation, le Bon Parti accepta un accord ne changeant pas grand-chose mais lui permettant de sauver la face et revint, affaibli, au sein de l’Alliance. Cet accord de gouvernement stipule que le président sera assisté de 8 vice-présidents (leur nombre n’est pas fixé dans la constitution turque) : les maires d’Istanbul et d’Ankara s’ils le souhaitent, un vice-président pour chaque parti de la coalition (soit 6 de plus). Le nombre de ministres sera proportionnel au résultat obtenu lors de l’élection parlementaire, chaque parti de l’Alliance étant assuré d’avoir au moins un ministre. Ce dispositif donne une grande surreprésentation aux petits partis de droite de l’Alliance de la Nation ; le Parti Démocrate, qui avait obtenu 0,1% en 2015 lors de sa participation aux élections législatives de manière autonome et n’a pas connu de croissance depuis, aurait un vice-président et un ministre !
Outre, les candidatures de R.T. Erdogan et K. Kılıçdaroğlu, les deux seules susceptibles de gagner, deux autres candidats participeront au scrutin présidentiel. Le premier est Muharrem Ince, candidat du CHP à la présidentielle de 2018, en rupture avec son parti et qui développe un discours nationaliste assez creux. M. Ince est principalement actif sur les réseaux sociaux (notamment TikTok qui est très populaire dans la jeunesse en Turquie), où il insiste sur sa capacité à gagner hors de l’Alliance de la Nation (contrairement à toute logique) et mène ses principales attaques contre l’opposition tout en se déclarant hostile à R.T. Erdogan. Sa candidature risque d’entraîner le scrutin présidentiel au second tour. Or qui peut deviner ce qui pourrait se passer entre les deux tours ? (Pour mémoire après l’échec de l’AKP à obtenir une majorité lors de l’élection parlementaire de juin 2015, la Turquie avait connu une vague d’attentats extrêmement meurtrier avant de nouvelles élections en novembre, renforçant le régime).
L’autre candidat est le fasciste Sinan Oğan soutenu par la coalition ATA, et en particulier par le Parti de la Victoire, une scission radicale du Bon Parti qui se distingue par un discours de haine anti-syrien, depuis que des millions de Syriens se sont réfugiés en Turquie après l’écrasement dans le sang de la révolution syrienne et la guerre civile et générale qui s’en est suivie.
La question de ces réfugiés, qui ne sont d’ailleurs officiellement que des « invités » de l’État turc (et donc pas réfugiés à part entière) est extrêmement épineuse. Si le régime a ouvert ses portes et développe un discours sur l’accueil, ces millions de personnes se retrouvent dans une situation de sujets de seconde classe de l’État turc, confrontés à des limites légales à leurs existences et constituent surtout une monnaie d’échange entre le régime turc et les autorités européennes. Quant à l’Alliance de la Nation, elle plaide pour le retour de ces « invités » avec « humanité » et « négociation »… vers un régime tyrannique qu’ils ont fui alors même que la majorité des réfugiés ont commencé à construire leurs vies dans des conditions très difficiles en Turquie.
Le scrutin parlementaire
Cette élection se fait selon le scrutin de liste départementale à la proportionnelle. Elle présente des subtilités qui peuvent avoir des conséquences importantes et entraîner de nombreuses manœuvres. La première particularité est l’existence d’un barrage national. Celui-ci a longtemps été de 10% pour empêcher le mouvement national kurde d’entrer en tant que tel au parlement. Il a désormais été descendu à 7% et est calculé selon les voix obtenues par l’alliance des partis et non plus les partis pris isolément. La deuxième particularité est le système des alliances : plusieurs partis présentant des listes peuvent déclarer officiellement « être en alliance », ce qui signifie que voter pour un parti de cette alliance équivaut à voter pour toute l’alliance. La troisième particularité réside dans le mode de calcul de la répartition des députés par la méthode dite « D’Hondt », dont la principale caractéristique est de donner un avantage à la liste arrivée en tête.
Lors du dernier scrutin parlementaire (2018), la légalisation du système d’alliance avait mené à une évolution intéressante. Alors que la répartition du nombre de sièges était calculée par alliances (en additionnant les suffrages obtenus par les listes de chaque parti de cette alliance), et que les sièges obtenus par chaque alliance étaient répartis entre les différentes listes qui la composent selon le nombre de suffrages obtenus, le régime a changé ce système pour le scrutin de 2023 : la répartition des sièges se fera uniquement selon le nombre de voix obtenus pour chaque liste, il n’y a plus de calcul par alliance. Ainsi, à part pour franchir le seuil des 7%, les alliances composées de plusieurs listes n’ont plus d’intérêt ; d’un point de vue arithmétique vaut mieux qu’il n’y ait qu’une seule liste par alliance, les partis la composant se mettant d’accord en amont. La manœuvre inspirant ce changement était la suivante : le régime était convaincu qu’il pourrait présenter des listes communes alors que l’opposition ne le pourrait pas (et même que les deux principales composantes de l’Alliance de la Nation, le CHP et le Bon Parti n’y arriveraient pas). Le régime espérait bénéficier à fond de cet avantage qui aurait pu lui faire gagner un surplus estimé à un maximum de 25 sièges pouvant lui assurer une majorité de sièges en ayant moins de voix en cas de vote particulièrement serré.
Toutefois, toute cette manœuvre s’est fracassée sur l’obstacle suivant : le parti ultranationaliste MHP, principal allié de l’AKP, a refusé de faire des listes communes et a présenté ses listes partout. En d autres termes, le MHP joue la défaite et veut préserver son identité dans cette perspective. L’AKP n’a pu avoir qu’un accord avec les ultraconservateurs du YRP et des djihadistes de Hüda-Par ainsi que du pseudo-parti de gauche DSP pour en présenter des candidats sur ses propres listes en places éligibles.
Si l’Alliance de la Nation ne présente pas de liste commune CHP-Bon Parti, certains départements ont fait l’objet de clauses de non concurrence en sorte qu’un seul des deux partis y présente une liste. En outre, le CHP a conclu avec les autres petits partis de droite pour donner un nombre relativement grand de places éligibles à ces formations bien au-delà de leur poids électoraux (ainsi des candidats du Saadet, islam politique, figureront sur les listes du « laïc » CHP, ce qui était déjà le cas en 2018). Il s’agit notamment de la contrepartie à leur soutien à K. Kılıçdaroğlu comme candidat au sein de l’Alliance. Il est ainsi question d’un total de 25 sièges certains pour ces formations. Cela n’est pas sans susciter des réactions dans une partie de l’électorat urbain-diplômé du CHP qui ne souhaite pas faire élire des personnalités de droite peu sûrs dans le futur.
Enfin, l’Alliance du Travail et de la Liberté entend se présenter à travers deux listes. Le HDP (et les autres composantes de l’alliance) se présentent dans les 81 départements de Turquie sous les couleurs du YSP, Parti de la Gauche et des Verts. En effet, confronté à une procédure judiciaire risquant d’entraîner son interdiction juste avant les élections, le HDP a choisi de ne pas se présenter et de concourir sous les couleurs de son allié YSP qui remplit les conditions pour se présenter nationalement. Le Parti Ouvrier de Turquie (TİP), qui bénéficie d’une aura de sympathie et d’un réel dynamisme militant, a fait le choix de présenter ses propres listes dans 51 départements (dont ne font pas parti une grande partie le Kurdistan). Dans la majorité de ces départements (Anatolie) même le cumul HDP+TIP ne serait pas suffisant pour obtenir ne serait-ce qu’un seul député. Il y aura des listes concurrentes dans sept départements où le HDP a gagné des députés dans le passé : les 3 circonscriptions électorales d’Istanbul (Istanbul, Ankara, Izmir le vote ne se fait pas à l’échelle du département mais sont divisés en 3 circonscriptions électorales), Ankara 1, Izmir 2, Hatay, Adana, Antalya, Mersin. En revanche, l’existence deux listes concurrentes dans certains départements où il y a un député sortant est risqué comme, par exemple, à Hatay (Antioche), Antalya.
Enfin, il est possible de relever que, tous partis confondus, seulement 2 personnes issues de minorités religieuses sont candidats à des places éligibiles : Georges Arslan, assyrien, à Mardin pour le HDP-YSP et Sevan Sıvacıoğlu, arménien, à Istanbul-2 pour l’AKP. Il s’agit d’un recul, particulièrement pour le HDP, ce chiffre s’élevait à 4 en 2018 (3 HDP et 1 AKP) et 6 en 2015 (4 HDP, 1 AKP, 1 CHP).
Ces élections constituent un enjeu historique pour la Turquie. La première option la perpétuation d’un régime de plus en plus autoritaire et néo-libérale qui franchira un cap en termes d’attaques contre les droits des femmes et les LGBTQI. L’extrême virulence des partenaires ultraconservateurs de l’AKP voulant criminaliser l’adultère ou abroger la loi sur les violences familiales mais aussi de certains secteurs du parti présidentiel pointent vers cette direction. La deuxième est celui d’un libéralisme politique. L’Alliance de la Nation ne promet guère en termes de politique sociale et économique si ce n’est moins de corruption. En revanche, sa principale promesse est celle de la libération des milliers de prisonniers politiques en grande majorité kurdes, le rétablissement des municipalités kurdes mise sous tutelle de l’Etat, la recherche d’une solution politique à la question kurde. Cela est d’autant plus vrai qu’en cas de victoire de l’opposition, l’Alliance de la Nation aura besoin du soutien externe de l’Alliance du Travail et de la Liberté (et plus précisément du HDP) afin de s’assurer une majorité au parlement. En somme, sa victoire ouvre de plus grandes perspectives stratégiques pour une gauche combative afin de développer son activité.
Emre Öngün
Une version raccourcie de ce texte a été publiée sur le site Orient XXI.
https://orientxxi.info/magazine/turquie-les-cles-de-scrutins-incertains-pour-recep-tayyip-erdogan,6418
1 Voir le très bon article de synthèse d’Alp Kayserilioglu
https://lvsl.fr/inquiet-pour-sa-reelection-erdogan-met-leconomie-turque-sans-dessus-dessous/
2 Le Hizbullah de Turquie est également connu pour assassiné la féministe islamique Gonca Kuris et avoir eu des « maisons charniers » où étaient enterrés leurs nombreuses victimes.