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Education, face au « choc des savoirs » : un choc des luttes !

Les mobilisations engagées depuis janvier 2024 à la fois sur la question des moyens, la question de salaires et d’opposition au « choc des savoirs », s’engage dans un mois de mai déterminant. Rappelons les grèves nationales des 1er février, 6 février, 8 mars, 19 mars et du 2 avril mais également les dizaines d’actions locales, « collèges morts », « nuits des écoles et collèges » et bien entendu la lutte très longue des personnels en Seine-Saint-Denis ou en Loire-Atlantique (pour ne citer que ces deux exemples qui montrent une détermination sur la durée). Ces luttes, c’est là aussi une caractéristique, sont unitaires d’un point de vue syndical et intègrent les collectifs de parents d’élèves.

Il faut dire que la situation est particulièrement grave, marquant une rupture fondamentale dans toute ambition éducative. La question des salaires des personnels de l’Éducation nationale fait depuis longtemps l’objet de luttes, les salaires des enseignant⸱es restant bien en deçà de la moyenne de l’OCDE. La question des moyens est elle-aussi ancienne, la question de la situation en Seine-Saint-Denis étant l’illustration du sous-investissement massif dans l’Éducation et plus particulièrement dans les quartiers populaires. Cette question s’est cristallisée avec les annonces d’économies par le gouvernement, induisant des rabots brutaux immédiatement annulés

Et puis il y a la question du « choc des savoirs ». Nous avons là affaire tout simplement au volet Éducation de la Révolution réactionnaire voulue par Emmanuel Macron dès son élection, avec Jean-Michel Blanquer comme idéologue en chef.

La mise en place de groupes de niveaux en français et en mathématiques au collège a beaucoup fait parler. Car il s’agit d’une véritable usine à gaz induisant une dégradation importante des conditions de travail des personnels. Car surtout il s’agit d’une mesure néfaste pour les élèves les plus fragiles imposant des mesures de tri dès le CM2. Cette annonce n’est, en réalité, qu’une parmi d’autres dans cette galaxie réactionnaire. Pour s’en convaincre il faut voir et écouter Gabriel Attal, premier ministre, lorsqu’il s’adresse à de jeunes adolescents dans un internat pour « élèves décrocheurs » le 22 avril dans le Var : discours paternaliste, autoritaire et mépris de classe explicite.

Rappelons que Jean-Michel Blanquer a été le recteur qui, sur l’académie de Créteil, a lancé des… internats dit d’excellence ou encore la fameuse « cagnotte » pour des «  élèves décrocheurs » (déjà!) pour les inciter à plus d’assiduité. Payer les jeunes pour qu’ils ne sèchent pas les cours ? L’expérience a été un échec total mais rappelle d’autres initiatives actuelles, en particulier avec l’indemnité de stages pour les élèves des lycées professionnels, indemnités soumises à des conditions… d’assiduité… Déjà, lorsqu’il quitte son poste en 2009 de recteur de l’académie de Créteil, les organisations syndicales démontrent que sa politique réactionnaire et ultra-libérale est un marchepied pour l’extrême-droite.

Revenons à 2024 : le « choc des savoirs », dans cette logique, induit de nouveaux programmes dont l’élitisme est à peine masqué, une labellisation des manuels scolaires comme outil d’un autoritarisme comme vision de toute pédagogie, ou encore la généralisation à tous les cycles des évaluations nationales pour restreindre la liberté pédagogique. Le Diplôme National du Brevet (DNB) aura un rôle de couperet et les « prépa secondes » organiseront ce tri social. N’oublions pas la réforme de la voie professionnelle des lycées, dernière pierre de la libéralisation du marché du travail (puisque la notion de qualification est remise en cause). Afin de marquer encore plus de retour en arrière vers une école du tri social, le retour du redoublement, dont toutes les études montrent l’inefficacité, est un message à la frange la plus à droite de la population. Les études scientifiques sont d’ailleurs utilisées à géométrie variable : ignorées la plupart du temps (sur les « uniformes » par exemple), tandis que certaines (pas toutes évidemment, car ce serait avoir une démarche scientifique réelle…) permettent de justifier l’imposition de méthodes censées “marcher” à tous les coups (comme la « méthode de Singapour »), sans aucune étude préalable sur la translation dans notre société et notre système éducatif . Et afin d’imposer cela plus facilement : le détricotage de la formation initiale et continue des enseignant⸱es permet de les déposséder de leur expertise professionnelle.

Reste donc maintenant à réussir à contrer ces attaques. Le niveau de mobilisation nécessaire est très élevé car, comme nous venons de le voir, le programme éducatif porté par les différents ministre de l’Éducation nationale d’Emmanuel Macron s’inscrit dans la révolution réactionnaire voulue par celui-ci.

La CGT Educ’action, Fnec-FP-FO et SUD-Education appellent à une grève nationale le mardi 14 mai, inscrivant leur démarche dans les actions locales déjà engagées.

Ces actions permettant de faire monter la pression vers la journée nationale d’actions le samedi 25 mai, avec une manifestation nationale à Paris et des actions un peu partout en France, à l’appel des organisations syndicales CGT-Educ’action, Fnec-FP-FO, FSU, SGEN-CFDT et SE-UNSA et SUD-Education, des organisations lycéennes FIDL, MNL et USL et de l’organisation des parents d’élèves FCPE.

Ajoutons à cela la pétition nationale unitaire, signée par près de 80 000 personnes au moment de la rédaction de cet article : https://www.mapetition.org/non-choc-savoirs/

Matthieu Brabant, pour la commission éducation de la Gauche Écosocialiste