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Contribution Ensemble insoumis au débat sur la Présidentielle et les législatives

L’heure du choix approche pour ce qui est de la Présidentielle et des législatives. Nous notons positivement le fait que l’EAN propose au CN une consultation dans des délais rapprochés.

Ce texte n’est pas celui que nous soumettrons au vote. Il vise simplement à cette étape à aborder quelques aspects de l’orientation que nous souhaitons pour Ensemble! à l’heure où notre débat s’accélère.

1. Un certain nombre de camarades d’Ensemble (toutes sensibilités confondues) ont œuvré ces derniers mois dans divers cadres pour favoriser l’émergence d’une candidature de rassemblement, porteuse d’une orientation acceptable et en capacité de faire converger forces politiques et forces citoyennes.

Quelles qu’aient été les positions concernant cette bataille politique, nous ne pouvons rester en situation d’observateur ou de commentateur alors qu’elle n’aboutira pas, alors que la Présidentielle et les législatives revêtent un enjeu primordial à la fin de ce quinquennat désastreux de tout point de vue.

La contribution récemment intitulée Quelle orientation pour Ensemble ?, envoyée sur nos listes et signée par un certain nombre de camarades présente une série d’analyses avec lesquelles nous pouvons nous mettre d’accord. Mais elle est agnostique sur les divergences qui traversent la gauche (rupture ou accompagnement) et sur le périmètre des alliances qui seraient potentiellement possibles et celles qui ne le sont pas.

En évitant d’esquisser un début de position concrète quant à la Présidentielle :

  • elle illustre le risque pour Ensemble! que notre mouvement soit de nouveau placé en situation d’extériorité totale de la Présidentielle, des législatives ;

  • et que par voie de conséquence, que les militant.es de E ! soient de nouveau placé.es dans la situation de faire des choix individuels ou de « courants », ce qui nuit à notre percussion, notre lisibilité, notre efficacité et qui ne vont pas dans le sens de l’intérêt général.

Qu’on le regrette ou que l’on « vive avec » parce qu’il n’y avait pas d’autre solution, le paysage politique pour la présidentielle apparaît de plus en plus clairement. Il est marqué par un éclatement des gauches et par la fragilité de leurs bases électorales. Anne Hidalgo vient d’annoncer sa candidature, après celle de Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel, Philippe Poutou, Nathalie Artaud, Arnaud Montebourg et en attendant le verdict de la primaire des écologistes qui désignera le candidat ou la candidate de ce courant politique.

Telle est la situation. Elle rend difficile la possibilité de qualifier un.e candidat.e de gauche au second tour, elle renforce le danger d’un duel droite / extrême droite désastreux et plus que jamais périlleux, mais croire que nous pouvons la modifier est aujourd’hui illusoire. Même si tel.le ou tel.le candidat.e peut renoncer (à cause de mauvais sondages ou de l’impossibilité de rassembler 500 signatures), il y aura bien, à minima, une candidature « rose », une candidature « verte » et une candidature « rouge ». Et probablement d’autres candidatures plus « marginales » sur le plan électoral.

Une telle situation ne sera pas sans conséquence. En effet, nul ne peut dire si nous allons ou pas nous retrouver dans la situation de 2017, où un vote utile à gauche s’est dessiné pour JLM, ou si au aucune force politique ne sera capable de l’emporter nettement.

Il nous faut donc à la fois ne pas rester en situation d’observateur et de commentateur et donc choisir dès maintenant le candidat que nous devons soutenir, et aussi pousser ce candidat à demeurer dans une dynamique de rassemblement.

2. Les grandes lignes des programmes que vont défendre ces trois grandes familles politiques, sont connues également.

Lors du lancement de sa candidature, Anne Hidalgo a tenté de renouer avec un discours « gauche », sur les salaires ou la défense des services publics, la volonté de mettre en œuvre la transition écologique sans qu’elle se fasse « au détriment des classes moyennes et des catégories populaires ». Au-delà de généralités classiques, elle s’est lancée dans quelques annonces plus précises, comme l’augmentation des salaires de 15 % et le doublement dans le quinquennat des salaires des enseignants. Mais nous sommes suffisamment expérimenté.es pour savoir quel crédit nous pouvons accorder aux promesses des socialistes dès lors qu’ils sont confrontés à l’exercice du pouvoir, à la confrontation concrète avec le patronat et avec les forces libérales qui cadenassent, dans le cadre l’Union européenne, les politiques nationales. Pas plus que nous souffrons d’amnésie : si Hidalgo n’a pas mâché ses mots contre Macron, ce dernier est bien l’enfant du quinquennat Hollande… avec le soutien d’Hidalgo.

La primaire d’EELV a été l’occasion de plusieurs débats retransmis sur divers supports de médias. Le débat fut policé du point de vue des rapports entre les candidats.es à l’investiture verte. Sur le fond, des différences d’approche apparaissent. Sous l’impulsion de Delphine Batho, la question de la décroissance a provoqué un débat intéressant mais peu productif du point de vue des mesures concrètes de rupture à opérer avec le libéral-capitalisme pour donner ses chances à la transition écologique. Et la question sociale a tout de même été peu abordée au-delà de quelques généralités. A cette heure, 120 000 personnes se sont inscrites à la primaire « écolo », Ce n’est pas un résultat négligeable car cela dépasse largement les forces militantes de EELV. Il faut attendre le verdict de ce scrutin qui a son importance mais ce qui est absolument certain, c’est qu’il y aura une candidature verte à ce scrutin.

Au vu des débats les conditions programmatiques pour la soutenir ne sont pas réunies. Reste que selon les résultats de cette primaires et le profil de la campagne, des rapprochements pourront s’opérer afin de porter des candidatures communes aux législatives.

Aussi parmi ces trois grandes familles politiques, seule la candidature de Jean-Luc Mélenchon se base sur un programme compatible avec les grandes orientations défendues par Ensemble !

3. La candidature de Jean-Luc Mélenchon s’appuie sur le programme « L’avenir en commun » que nous connaissons bien et auquel certain.es d’entre nous ont activement contribué. Nous avons aussi en tant que courant Ensemble Insoumis produit une contribution programmatique d’actualisation du programme « L’avenir en commun », dont on peut prendre connaissance ici : https://gauche-ecosocialiste.org/pour-un-programme-de-transition-vers-lecosocialisme-contribution-du-courant-ensemble-insoumis-a-lactualisation-de-lavenir-en-commun/

L’angle choisi à cette étape par la direction de la FI, c’est de chercher la mobilisation électorale des classes populaires en faisant la démonstration que les propositions programmatiques du candidat répondent une par une à des aspirations majoritaires. Si l’on en croit les sondages – et c’est rassurant –, une majorité de citoyen.nes de notre pays est d’accord avec la retraite à 60 ans, le SMIC à 1 400 euros, le blocage des prix sur les produits de première nécessité, la réquisition des profits du CAC 40, la gratuité des compteurs d’eau et des premiers m3 d’eau nécessaires à la vie, la fixation d’un loyer maximum par mètre carré, les 32 heures hebdomadaires, la réouverture des lits d’hôpitaux fermés depuis 2010, le plan de relocalisation des produits essentiels à la vie quotidienne en France, l’avènement d’une VIème République, etc.

Évidemment, ce n’est pas parce que des mesures prises une par une sont largement majoritaires, qu’une fois assemblées, cela permet au candidat qui les porte d’obtenir une majorité. Mais il faut tout de même noter que nous nous battons tous les jours pour ces mesures et qu’elles répondent à la fois aux intérêts des classes populaires, aux impératifs de la transition écologique et aux exigences de contrôle démocratique.

En somme, le profil de la campagne JLM 2022, c’est un programme populaire, pour les classes populaires d’abord. Et cela distingue cette candidature de toutes les autres à gauche, s’avérant soit trop timorées par rapport aux ruptures nécessaires, soit coupées des masses.

Il devrait être naturel pour nous de la soutenir.

4. Soutenir la candidature de JLM. La campagne lancée par la FI autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon connaît déjà une certaine dynamique dont atteste le succès des « amphis » (la plus grosse université d’été en cette rentrée), le nombre de militant.es engagé.es dans les collectifs « Union populaire » en formation et le nombre de signataires de l’appel de soutien.

Si les mesures programmatiques générales mises en avant ne devraient nous poser aucun problème, certains aspects de la ligne mise en œuvre sont cependant discutables.

Il en va notamment de l’orientation face à la crise sanitaire. Les dirigeants de la FI critiquent à juste titre le caractère absurde et nocif de la politique du gouvernement depuis 2019, les mensonges de départ sur la dangerosité de ce virus qui vaut à l’ex-ministre de la Santé, Agnès Buzyn, une mise en examen, les mensonges sur le masque, l’incurie quant aux mesures de protection dans les établissements scolaires, le maintien d’une politique d’austérité pour les hôpitaux, les reculades sur la levée des brevets (on en passe). Mais depuis quelques mois, la communication de principaux responsables de la FI sur les réponses à la crise sanitaire souffrent d’une absence de prise de position limpide sur l’incontournable utilisation des vaccins dans l’arsenal de lutte contre le virus. Pour ne pas développer davantage, nous renvoyons ici aux excellentes notes publiées régulièrement par notre « groupe Covid ». Le risque est ainsi d’encourager indirectement ceux qui manifestent sur des bases confusionnistes et ne peuvent pourtant pas se retrouver dans une candidature comme celle de JLM.

La seconde difficulté réside dans des « zig zag » de ligne :

  • parfois la main tendue, avec la proposition de constituer une « fédération populaire » qui implique de combiner union à la base et union au sommet ;

  • parfois le choix d’un appel réduit à la « base », au peuple.

Enfin, à l’inverse de 2017, la candidature de JLM est fortement concurrencée à gauche. En 2017, pas de concurrent vert, le soutien du PCF et une candidature socialiste, celle de Benoit Hamon, plombée par le bilan calamiteux de Hollande ; en 2022, une candidature verte, un candidat communiste, sans compter Montebourg s’il va au bout, une candidature socialiste qui va chercher à s’appuyer sur les bons résultats des socialistes aux Régionales et au Départementales.

La partie s’annonce ainsi plus difficile, mais bien entendu, personne ne peut sérieusement faire des pronostics. Souhaitons au passage que des mobilisations claires quant à leurs objectifs et leurs bases sociales se multiplient et que l’élection se fasse « à chaud »

Mais maintenant, il faut juger sur le fond. Quelle candidature va t-elle déployer les propositions les plus proches des nôtres et correspondant aux intérêts des classes populaires, ainsi qu’à celle de l’avenir de l’humanité ? De ce point de vue, la réponse devrait être évidente.

5. Pour un soutien actif et émancipé à la candidature de JLM. Nous devons nous engager rapidement, sans tarder, sans hésiter. Nous ne pensons pas qu’un soutien « timide », de l’extérieur, tardif, soit opérant. Nous devons prendre notre part des tâches concrètes. Pour les camarades de Ensemble qui sont membres de la FI, cela va de soi. Pour les autres, ils peuvent participer en aidant à la construction de collectifs « Union populaire » aux côtés des forces de la FI et de toutes celles qui voudront bien se mobiliser afin que l’Union populaire soit un instrument d’une recomposition politique pluraliste.

Cela ne doit pas nous empêcher de faire des propositions, même si nous savons qu’elles seront difficiles à concrétiser :

  • une fois que Ensemble ! aura choisi l’engagement dans « L’union populaire », nous pourrons en discuter avec des courants critiques de gauche et écolo avec lesquels nous avons des contacts et chercher à les convaincre de faire le même choix que nous.

  • nous pouvons proposer à la FI qu’une direction nationale (ou « Parlement de campagne ») soit inclusives vis à vis de personnalités mais aussi vis à vis de courants politiques. Un cadre dans lequel nous pouvons faire des propositions en termes d’action et de programme.

6. Pour un accord large aux législatives entre les forces écologiques et sociales d’émancipation.

La prochaine séquence électorale ne se limite pas à la présidentielle, elle comprend également les législatives dont l’importance n’est pas à minorer. Autant il nous paraît, vu le contexte, impossible qu’une candidature commune pour notre camp social émerge naturellement à la Présidentielle, autant un accord équilibré aux législatives nous paraît possible entre toutes les forces politiques antilibérales. Ce rassemblement aux législatives doit pouvoir se faire autour d’un même socle commun politique. Nous pensons que les 36 mesures de rupture avancées par le collectif « Plus jamais ça », portées par des forces syndicales, associatives, écologistes, pour sortir de la crise actuelle doit pouvoir être ce socle commun. Ensemble! doit y travailler dans le dialogue avec toutes les composantes engagées dans « L’Union populaire » qui défend un programme compatible avec celui mis en avant par le collectif « Plus jamais ça ».

Pour finir, nous n’ignorons pas que Ensemble ! est traversé par des divergences et des controverses politiques parfois difficiles à gérer depuis plusieurs mois voire années. Mais nous sommes également convaincu.es que nous avons beaucoup en commun en termes de culture et d’objectifs politiques. Nous nous devons toutes et tous de mener un débat intelligent et respectueux. Et à l’issue du débat, nous nous devons aussi de le trancher avec des méthodes démocratiques qui ne peuvent pas être autres que de confier à chacune et chacun le droit d’émettre un avis sous la forme d’un vote individuel. Ce sera la tâche de la prochaine réunion du Collectif national d’en décider les formes précises mais en respectant ce principe élémentaire, le seul qui permet de mesurer l’audience des positions en présence : un.e adhérent.e, une voix !.

La Présidentielle et les législatives ne sont qu’une étape dans un mouvement de recomposition nécessaire et incontournable vers la structuration d’une force politique pluraliste, radicale, durable et puissante. Une recomposition dans laquelle Ensemble! devra prendre des initiatives localement et nationalement pour œuvrer au regroupement et au renforcement des forces écosocialistes.

Dans cette perspective, il faut favoriser toutes les convergences plutôt que de commencer nous-même par nous émietter. Ainsi, il serait de bon aloi, nous semble-t-il, que nous abordions cette échéance uni.es et cohérent.es. Nous pensons sincèrement qu’une analyse lucide de la situation devrait le permettre. Car pour la suite, la situation ne sera pas la même si un candidat porteur des valeurs de la gauche radicale atteint un seuil électoral significatif lors de la présidentielle ou si ce n’est pas le cas.