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Contribution d’Ensemble Insoumis sur la structuration et l’organisation de FI

La Convention de France Insoumise, qui se tiendra les 8 et 9 décembre à Bordeaux, abordera de manière plus approfondie la question de la structuration et de l’organisation interne de notre mouvement. Cette discussion ne doit pas se réduire à une simple organisation technique, mais doit confronter notre fonctionnement à l’urgence démocratique au cœur de notre programme, de notre projet de transformation sociale. La nature particulière de notre mouvement, couplé à un bilan de ce qu’a été pendant longtemps la référence en terme de structure politique, à savoir la forme parti, donne à ces travaux un caractère ambitieux et profondément novateur. Nous ne savons que trop bien qu’il ne faudrait pas sous couvert de démocratie, proposer une nouvelle structure bureaucratique comme nous en avons connus tant d’autres auparavant. Cependant, les dernières évolutions de la situation politique donnent à cet impératif un caractère impérieux.

D’une part, France Insoumise est un mouvement qui vise non seulement à proposer une alternative radicale au monde tel que nous le connaissons, mais aussi à prendre le pouvoir à tous les niveaux possibles. C’est là le sens du concept de « révolution citoyenne ». L’élection présidentielle de 2017, et le très bon score de Jean-Luc Mélenchon, a fait figure de moment fédérateur pour nous tous et toutes. Charge à nous, militant.es, de maintenir et pérenniser cette dynamique lors de la campagne des élections européennes. Cependant, les années 2020 et 2021 seront rythmées par les élections locales. Si les alliances à géométrie variable ne sont pas acceptables, les spécificités locales rendent impossible une démarche nationale seule, si notre objectif est d’arriver à nous faire entendre de la population et donc de faire élire un maximum d’insoumis.es. Au-delà des élections, nous devons travailler à une implantation sans cesse consolidée de notre mouvement et construire des liens forts avec toutes les forces vives qui existent sur un plan local à l’occasion de luttes, de mobilisations. France Insoumise doit donc proposer rapidement des cadres locaux d’animation politique à un échelon supérieur à celui du seul groupe d’action. L’auto organisation est au cœur de notre démarche, mais sur des territoires vastes, il faut prendre la mesure de la force de l’organisation collective. La réussite de ces élections locales, dont les enjeux dépassent celui d’un simple vote sanction contre la majorité, sera un tremplin important pour la campagne présidentielle de 2022.

D’autre part, la séquence politique en cours impacte notre mouvement. Personne n’est dupe de l’arbitraire qui caractérise les perquisitions qui ont frappé notre siège et 17 de nos camarades. Certains de nos camarades doutent, se posent des questions, et l’absence de cadres collectifs de discussion se fait cruellement sentir dans les campagnes ou les territoires à faible volume de groupes d’actions. Les dominants.s ont trouvé ce qu’ils cherchaient : France Insoumise, qui engrangeait une dynamique puissante en vue des élections européennes, a été fragilisée.

Notre tâche est donc de trouver un second souffle et de préparer la riposte. Celle-ci aura lieu dans les urnes lors du prochain scrutin, mais c’est pied à pied et au quotidien que nous devons porter l’affrontement avec les forces du néolibéralisme, pendant les campagnes électorales et en dehors.

France insoumise a pris la mesure de ses responsabilités, puisque lors de notre Convention seront discutées les questions d’organisation interne et répartition du financement. Cette échéance sera décisive pour la suite de notre combat.

Nous, militants.es d’Ensemble Insoumis, au cœur du mouvement France Insoumise, versons ces quelques propositions au pot commun. Comme tout un chacun, nous avons à cœur que notre mouvement se saisisse des aspirations démocratiques qui l’animent, et que chaque militant.e, de la base au sommet, se sente à sa place.

Cette réflexion se nourrit de nos expériences passées, tant dans divers partis, qu’au sein d’un mouvement que nous avons créé en 2013 au sein du Front de Gauche, à une échelle toutefois bien plus modeste que France insoumise, mais aussi d’une tentative de bilan des expérimentations mises en place dans France Insoumise depuis sa conception :

  • Créer un comité stratégique : celui-ci comporterait des insoumis.es provenant des divers espaces (équipe opérationnelle, livrets thématiques, groupe parlementaire, espace politique et espace des luttes), ainsi que des insoumis en charge de groupes d’appui. Ce comité serait élu par la Convention nationale chaque année, en veillant au renouvellement régulier de ses membres. Il pourrait remplacer l’assemblée représentative et définir régulièrement les orientations générales du mouvement. Plusieurs porte-parole pourraient être désignés.es pour prendre au besoin des positions sur l’actualité, déchargeant en partie le groupe parlementaire de cette responsabilité. Ce comité stratégique pourrait aussi débattre des choix pour l’usage de l’argent de la France Insoumise au niveau national.
  • Définir des instances de résolution des conflits et de contrôle financier d’insoumis.es tirés.es au sort, à l’instar de ce qui a été annoncé à la Convention de Clermont-Ferrand. Il est en effet important que ces questions souvent conflictuelles puissent être jugées par des insoumis.es totalement indépendants. Cette structure sera par exemple seule habilitée à radier un.e militant.e des listes de diffusion de la FI.
  • Tenir des assemblées locales de proximité regroupant tous les participants.es du mouvement sur un espace limité donné à l’échelle d’une localité ou d’un arrondissement, quand le besoin s’en fait sentir. Cela passe notamment par une reconnaissance des coordinations de groupes d’action qui existent d’ores et déjà dans de nombreux endroits. Cette reconnaissance doit être encadrée et ses objectifs précisés.
  • Définir des équipes de coordination à tous les niveaux pertinents, à parité femme-homme, pour exécuter des tâches précises, en concertation sur le plan local avec les équipes d’animation des groupes d’action.
  • Solliciter davantage la consultation de l’ensemble des insoumis.es ou localement d’insoumis.es par un vote électronique, lorsqu’une question politique de grande importance est posée au pays, de façon à pouvoir recueillir leur positionnement politique. Ce qui nécessite de s’adresser aux insoumis.es avec une ou des questions claires. Ces consultations doivent pouvoir être prises à l’initiative d’un certain pourcentage de militants.es FI.

La France Insoumise participe a priori à toutes les élections démocratiques. Et son programme et ses livrets affirment une certaine conception de l’État en France. Nous sommes pour « abolir la monarchie présidentielle de la Ve République » et la remplacer par une VIème République démocratique et parlementaire, avec une nouvelle Constitution, issue d’une Constituante, mise en place à partir d’un référendum prévu dans la Constitution de la Ve République. Nous défendons l’élection et la révocabilité des élus et la parité femmes-hommes des élu(e)s à tous les niveaux de responsabilité.

A terme, pour renforcer notre crédibilité, il est nécessaire de faire coïncider le dire et le faire dans la France Insoumise : élection, révocabilité, parité, fonctionnement démocratique.

Le 24 novembre 2018.