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Clémentine Autain attaque « la diplomatie guerrière » de Macron

En quelques mois, Emmanuel Macron a rendu notre diplomatie plus dépendante que jamais. Notre action est aujourd’hui contrainte par notre appartenance à l’Otan, organisation obsolète qui nous entraîne dans une spirale de provocations et d’intimidations à l’encontre de tout ‘ennemi’ des États-Unis, au mépris de la stabilité du monde. La visite du président à Washington a levé le voile sur sa véritable doctrine internationale : la promotion d’un atlantisme décomplexé.
Cette diplomatie guerrière et adossée à un néolibéralisme forcené a conduit notre pays à des situations paradoxales : ­Macron retire la légion d’honneur à Bachar El-Assad, mais, ‘en même temps’, il reçoit en grande pompe le Saoudien Mohamed Ben Salman. Pourtant, les armes vendues par la France à l’Arabie saoudite ont contribué à la désintégration du Yémen, alors que la guerre a déjà fait plus de 10.000 morts et trois millions de déplacés. Quelle est la cohérence de ces choix pour la paix? À moins que, comme ses prédécesseurs, Macron n’ait succombé à la diplomatie du Rafale.
C’est là tout le cynisme de ce président qui sacrifie ses alliés kurdes dans la lutte contre Daech pour préserver des accords indignes avec la Turquie et tenir hors de nos frontières les réfugiés syriens. Le candidat avait félicité Angela Merkel pour avoir sauvé l’honneur de l’Europe sur les migrants. Et le Président a permis la rétention d’enfants avec le projet de loi asile-immigration!
La France ne retrouvera pas sa grandeur sur la scène internationale sans disposer de propositions fortes pour refonder l’ONU, développer une stratégie cohérente contre le réchauffement climatique, contrôler le commerce international. La confusion entretenue par des paroles humanistes ne changera rien : Macron n’a pas choisi une diplomatie tournée vers la paix et le respect des droits humains.
Tribune paru dans le JDD le 6 mai 2018.