C’est sous ce mot d’ordre que des manifestations se sont déroulées dans près de 80 villes de France métropolitaine et d’outre mer ce samedi 13 octobre. Elles ont réuni autour de 115 OOO personnes selon les organisateurs dont 15 000 à Paris, 10 OOO à Lyon, 3 à 4000 à Rennes etc. C’est donc un incontestable succès prolongeant la première initiative, déjà réussie, du 8 septembre. Des mobilisations similaires étaient aussi prévues à Genève, Luxembourg, Namur, Montréal ou Montevideo.
Dans la capitale française, un cortège jeune, dynamique et très féminin, assez loin des défilés classiques de la gauche politique et syndicale a parcouru en musique les rues de l’Opéra à la République. C’est à l’appel de citoyen.es non membres d’associations ou de partis, et à travers les réseaux sociaux, que beaucoup sont venus exprimer leurs inquiétudes et leur espoir d’une réaction rapide des gouvernements face aux menaces sur le climat.
Notons un épisode assez original : la guerre des pancartes ! Au début de la manifestation, les militant-es distribuaient de nombreuses pancartes bleues avec des slogans du type « l’écologie, pas les lobbies » « agissons pour le climat » munies du sigle FI. De nombreux citoyen.es non membres de la FI les brandissaient en toute connaissance de cause y compris dans les premiers rangs au grand dam des organisateurs … Ces derniers sont donc intervenus pour demander aux porteurs de pancartes de reculer et d’être moins visibles. Dès lors, beaucoup ont gardé leur panneaux en enlevant le sigle FI tout en restant présents tout au long du défilé…
L’importance d’une riposte face aux menaces climatiques n’est aujourd’hui plus à démontrer. Lundi 8 octobre, le GIEC produisait un nouveau rapport alarmiste sur le sujet (voir la tribune de Laurence Lyonnais et Pierre Marion ici).Pour le Français « moyen », les températures records enregistrées ce même samedi 13 octobre, comme l’épisode d’un été cumulant sécheresse, canicule et inondations, prouvent, s’il en était encore besoin, combien le réchauffement devient désormais un fait concret.
Il s’agit donc de passer des discours aux actes et d’engager dans les deux ans qui viennent une véritable révolution écologique, une réorientation majeure un peu comparable à la réorganisation de l’économie en temps de guerre. La démission de Nicolas Hulot montre à quel point le gouvernement Macron s’engage dans une voie contraire du type « business as usual ».
Un plan d’urgence radical pour le climat s’éloigne fortement des solutions prônées par la plupart des médias : une suite de petit gestes individuels du type trions nos déchets, fermons le robinet en se brossant les dents, roulons en vélo etc. A l’inverse, c’est un bouleversement des modes de production, de consommation et de transport qu’il faut penser pour éviter la catastrophe qui s’annonce.
Dans ce cadre, une question se pose : faut-il, comme le propose l’astrophysicien Aurélien Barreau (cité dans le Canard Enchaîne du 10 Octobre), « des mesures concrètes, coercitives, impopulaires s’opposant à nos libertés individuelles » pour que tout aille mieux ? D’une certaine manière, le poids politique et électoral de la FI et des écologistes radicaux est un enjeu essentiel pour engager de manière démocratique les ruptures qui s’imposent.
Jean Pierre Lemaire