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Au Muséum de Paris, renforcement d’un syndicalisme de lutte

Le Muséum à Paris, son jardin, ses galeries, ses collections, son rayonnement scientifique international,… et ses personnels en luttes avec leurs syndicats.

Les dernières élections professionnelles au Muséum (1 500 agents sur 11 sites en IDF et en régions) de décembre 2022 ont vu un profond renouvellement syndical, fruit de plusieurs années de transformation de la pratique syndicale, en particulier au syndicat CGT FERC Sup.

Après avoir renouvelé sa direction progressivement entre 2015 et 2022, la CGT a réussi à agréger de nouveaux adhérents par une pratique militante et mandataire “irrigante”, doublant son nombre d’adhérent.es et de membres participants activement à la direction collégiale du syndicat.

Le congrès du syndicat en mars 2022 valide la méthode construite progressivement :

  • consacrer moins de temps dans les instances représentatives,
  • systématiser les compte-rendu de mandat,
  • renforcer le syndicat au contact des agents dans tous les services,
  • développement des commissions féministe et écologie (au Muséum c’est un peu le coeur du sujet !),
  • convoquer des assemblées régulières des adhérents,…
  • élire un co-secrétariat du syndicat, binôme mixte.

Le syndicat, son bureau et sa commission exécutive (plus large et ouverte aux nouveaux membres), a pris depuis 2015 un rythme de réunions hebdomadaires quasi systématique.

De nouvelle.s.eaux camarades rejoignent progressivement le syndicat, des femmes, des jeunes, notamment des enseignants-chercheurs.

Les réunions hebdo passe progressivement de 5 à 15 présent.es en moyenne.

Arrive la contre réforme des retraites par points fin 2019-début 2020. La CGT est devenue rapidement le coeur névralgique de la mobilisation des personnels. Un cortège Muséum unitaire à chaque manifestation, des AG d’infos, des actions au coeur du jardin avant d’aller en manif, …

Bref, le syndicat devient “physiquement visible” par beaucoup d’agents qui voient que la CGT est à la pointe du combat. À cela s’ajoute de bonne relations intersyndicales avec la FSU, FO et le SNPTES (syndicat de l’enseignement supérieur issue de l’ancienne FEN).

Cela se traduit par un taux de grévistes élevé les 3 premiers jours de la mobilisation, les 5, 6 et 7 décembre 2019, des galeries et services totalement fermés faute d’agents (jusque 80 % de grévistes dans les bibliothèques !).

Cela faisait très longtemps qu’on avait pas vu ça au Muséum, autant de personnels entrant dans l’action, des cortèges de 50 à 100 agents issus de tous les services et métiers, des AG conséquentes, la communication syndicale est lue et les agents le font savoir aux militants “j’ai lu votre tract, je suis d’accord !”, ça on ne l’entendait plus depuis longtemps. Ou encore, “c’est bien ce que vous faîtes, est-ce que je peux adhérer?!?”, ça non plus on ne l’entendait plus depuis très très longtemps…

Et puis aussi les “faudrait que les gens se mobilisent” par des collègues qui n’ont jamais participé à une grève…

En 2019, le syndicat a pris deux décisions : création d’une commission féministe et d’une commission écologie.

Ces deux commissions travaillent régulièrement, produisent des ressources et des publications.

Résultats :

  • la direction s’engage à regarder carrières et salaires dans le cadre d’un groupe de suivi avec les organisations syndicales… bémol : groupe piloté par un cadre homme rétif à des mesures contraignantes!… Donc on avance pas beaucoup pour l’instant sinon par la conscientisation, la diffusion en 2022 d’une plaquette sur l’écriture inclusive, que nous avons adopté dans les textes de notre syndicat.
  • ” Tient, étonnant, la CGT parle d’écologie !?! “, c’est ce que nous avons entendu lorsque nous avons distribué le 1er tract “écologie” à la cantine. Et oui la CGT s’intéresse aussi à l’écologie !

En 2020-21 : ouverture d’une lutte avec les soigneu.se.rs de la ménagerie et des 3 parcs animaliers pour exiger le versement d’une “prime covid”, promise par Macron pour les travailleu.se.rs qui ont dû assurer des services pendant le confinement. La direction du Muséum n’avait cru bon distribuer une prime qu’à 42 cadres et techniciens qui ont assuré des permanences. Mais les soigneu.se.rs, ils n’y avaient pas pensé !… Or iels ont dû assurer les veilles animalières 24/24, 7/7 pendant le confinement et ce quasiment sans transports en commun ! Après un samedi de grève, la direction qui ne prenait pas la revendication au sérieux, ni la capacité des personnels avec la CGT de se mobiliser, s’engage à ouvrir une négociation. Résultat : 330€ par agent obtenu !

En 2022, ce fût la lutte des agents précaires de la médiation, secteur sacrifié par la direction : 14 contrats non renouvelés, un savoir faire reconnu par les publics sacrifié par des dirigeants ayant toujours l’oeil sur les tableaux de coût et adepte du musée ” tout numérique 3D “…

En octobre 2022, nous avons fait visiter le Muséum à la secrétaire de la FERC CGT, Marie Buisson, par ailleurs candidate à la succession à Philippe Martinez à la tête de la confédération lors du prochain congrès.

Novembre-décembre 2022 : élections, le SNPTES se dissout, mais une partie des adhérent.es et élu.es font le choix de venir rejoindre la CGT. Nous les accueillons et les investissons dans les listes de candidatures aux différentes instances.

Le 8 décembre 2022, le syndicat CGT est passé de 19% à 35%, devenant 1er syndicat, la FSU, second à 20%. Mais surtout nous avons, malgré le vote électronique, réussi à faire passer la participation de 31% à 54% (ce qui reste encore insuffisant).

En janvier, nous gagnons la confiance des collègues pour mener avec la FSU et le collectif des étudiant.es, la bataille pour défendre notre cantine. En 10 jours, nous collectons 700 signatures et le 10 janvier nous sommes 250 devant l’auditorium où le président du Muséum doit présenter ses voeux. En 10 minutes de discussions et face à la mobilisation, la direction recule sur tout son projet inique. Nous gagnons le maintien du prestataire de restauration et donc les emplois des salarié.es.

2023 s’engage bien pour les agent.es du Muséum fortement mobilisé.es contre la réforme des retraites avec leurs syndicats majoritaires CGT et FSU, unis dans l’action !

Correspondant.