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Après le premier tour de la Présidentielle

La campagne de la Présidentielle s’est déroulée dans un contexte bien singulier, masquée en partie par la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, handicapée par l’absence de véritable engagement dans la campagne de Macron qui a de fait empêché le débat contradictoire qui aurait pu avoir lieu. Elle n’est entrée dans la réalité des couches de la population les moins intéressées par les enjeux électoraux actuels que fort tardivement.

Bien sûr, nous sommes déçus, tristes et inquiets, du résultat de ce 1er tour.

Déçus parce que notre campagne méritait mieux et que la qualification au second tour n’a été manquée que de 400 000 voix, ce qui est très peu.

Tristes et inquiets de voir que le scénario désespérant et mortifère, d’un second tour Macron – Le Pen, celui de l’extrême-droite contre l’extrême argent, n’a pu être évité.

Mais nous sommes fiers de la campagne que nous avons toutes et tous menée tambour battant, pleins d’enthousiasme. Dans ce contexte, il faut saluer la campagne de l’Union populaire, qui a connu un essor régulier et puissant.

Fiers de la vigueur et de la qualité de notre campagne menée par Jean-Luc Mélenchon, bien orchestrée par la Parlement de l’Union populaire et parfaitement relayée par des militant·es en très grand nombre.

Nous saluons les électrices et les électeurs qui se sont prononcés en faveur de notre candidat, et nous sommes conscient·es de la diversité de leurs motivations. Le vote Mélenchon est en effet structuré pour partie par une adhésion au programme et à la campagne. Mais il s’agit aussi, pour une moindre part, d’un vote large à gauche, pour barrer la route à Le Pen et à Macron. Parmi ces électeurs, nous notons qu’un nombre impressionnant de jeunes est venu s’emparer de cet enjeu pour tenter de mettre un coup d’arrêt aux politiques climaticides et antisociales qui font planer sur leur propre avenir de terribles menaces. Il faut noter aussi la puissance du vote en faveur de notre candidat venu des quartiers populaires de l’hexagone tout entier, de l’outre-mer, de citoyen·nes qui boudent souvent les urnes et qui cette fois se sont mobilisés en masse. Ces éléments sont précieux pour l’avenir et il faut trouver le moyen de prolonger cet engagement sur la durée.

Pour le second tour, nous ne mettons pas de signe d’égalité entre la candidate néo-fasciste et Macron. Aussi, nous partageons la position exprimée dimanche par Jean-Luc Mélenchon et les dirigeants de l’Union Populaire sur les plateaux de télévision : aucune voix ne doit aller à Marine Le Pen, dont l’élection serait une catastrophe pour le pays. Le Pen, c’est Macron, plus le racisme et les discriminations contre les femmes, les populations issues de l’immigration.

Force est néanmoins de constater que Macron, qui ose encore se présenter comme un rempart face à l’extrême-droite, lui fait en réalité la courte échelle en semant colère et désespoir avec sa politique au service des puissants. En 2017, il a utilisé les voix qui s’étaient portées sur son nom pour s’opposer à Le Pen comme si c’était des soutiens à la politique catastrophique qu’il  a conduite. C’était une entourloupe, conforme à son arrogance et à ses vues ultra libérales profondes. S’il veut convaincre que c’est utile de voter pour lui, il ferait mieux de commencer par renoncer à la retraite à 65 ans.

Le vote du 10 avril a confirmé un paysage politique fracturé en trois blocs qui dominent la vie politique du pays :

  • Le bloc libéral qui tire habilement de sa place centrale sur l’échiquier, sa capacité à exercer le pouvoir même en position minoritaire dans le pays.

  • Le bloc néo-fasciste et réactionnaire qui lui dispute le leadership et qui a malheureusement progressé en pourcentage depuis 2017, passant de 25% à 32,3% en 2022.

  • Enfin, le bloc de la gauche antilibérale et antiproductiviste qui est dominé par l’Union Populaire, dont le résultat, sans le PCF, s’est accru de 2,5 points. Si l’on y ajoute le résultat du PCF, dont la concurrence a contribué à coûter le second tour, c’est près de 5 points de plus qu’en 2017.

C’est pourquoi, si nous sommes déçus et inquiets, nous gardons l’espoir. La campagne a montré que nous pouvions rassembler autour d’un programme sérieux et chiffré qui répond aux urgences de l’heure. C’est une responsabilité énorme qui nous a été donnée de préparer la résistance et les conquêtes de demain. Nous serons au rendez-vous ! Rien n’est perdu si nous savons faire bloc, dans l’unité, comme nous en avons donné l’exemple avec l’Union Populaire et son Parlement. Et élargir encore dès les élections législatives qui viennent : en dépit des fractures de la campagne de la Présidentielle, dès lors que les bilans sont tirés, un accord est possible avec le PCF, le NPA, EELV, des forces citoyennes qui le souhaitent. Cette alliance doit disposer de bases clairement antilibérales et antiproductivistes et se constituer en tenant compte des rapports de force actuels entre les mouvements et partis politiques concernés.

Dans un pays qui s’interroge, les législatives seront une nouvelle possibilité à ne pas rater. Nous en appelons notamment à la jeunesse et aux classes populaires : il faut résister et préparer l’avenir, continuer le combat pour éviter la catastrophe climatique et pour contrer les attaques antisociales, les mauvais coups qui peuvent venir de Macron ou d’une extrême droite qui est plus que jamais menaçante.

Le secrétariat du courant Ensemble-Insoumis·e, le 11 avril 2022.