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Actualité du complotisme

D’où vient le complotisme ? Comment fonctionne-t-il ? Héritier de théories conspirationnistes, le complotisme est aujourd’hui un phénomène qui s’appuie sur des usages maîtrisés de l’image d’actualité et les modes de communication modernes. 

La lecture conspirationniste du monde repose sur un imaginaire sombre : les rapports sociaux y sont viciés par la tromperie, les individus et les groupes sont dépossédés de leur capacité d’agir librement. Ce discours est éminemment politique en ce qu’il vise à la fois à désigner des ennemis tapis dans l’ombre et à se mobiliser contre eux pour rendre le pouvoir à ceux qui en ont été privés… Mais la question est : à qui profite la dénonciation du crime ?

Sans prétendre à une quelconque exhaustivité, cette note ambitionne de présenter les grandes tendances actuelles d’un mouvement qui, quoique aussi ancien que protéiforme, a connu un développement certain au tournant des années 2000. Si les attentats du 11/09 et l’explosion des réseaux sociaux lui ont donné une vigueur sans précédent, reconnaissons que les derniers mois ont été synonymes d’une visibilité sans précédent des discours complotistes.

Voici donc un petit tour d’horizon de ce qui aujourd’hui impacte (et conditionne) de larges secteurs de la société mais n’est pas non plus sans influence sur des milieux politisés voire militants que nous côtoyons.

LE COMPLOT, UNE THÉORIE ?

La théorie du complot repose sur une lecture particulière des faits historiques et d’actualités. Ce contre-discours prétend que les événements sont secrètement orchestrés par des individus, avec de mauvaises intentions, qui voudraient prendre le pouvoir, changer le monde qui nous entoure, à leurs profits.

IDENTIFIER UNE THÉORIE DU COMPLOT :

Pour les adeptes d’une théorie du complot, rien n’est tel qu’il paraît être. Ils ont besoin d’une thèse officielle pour en prendre le contrepied. Dans les documents complotistes, il y a des caractéristiques : Souvent, les théories du complot lient entre eux des faits qui n’ont pas de rapport évident ainsi que des « zones d’ombre » non expliquées dans la version officielle. Les arguments qu’ils utilisent peuvent faire preuve d’une certaine cohérence.

CROIRE OU NE PAS CROIRE…

Le succès des théories du complot met en évidence la perte de confiance et une méfiance dans les institutions, les médias, la science, les autorités publiques et les systèmes éducatifs. La profusion des supports médiatiques, la circulation de l’information, rapide et non contrôlée, sont des facteurs importants de la diffusion de ces théories.

La première « théorie du complot » fut élaborée en 1798 par l’Abbé Barruel, qui voyait dans la Révolution française de 1789, une conspiration antichrétienne orchestrée par la franc-maçonnerie et les Illuminati.

Fin du 19ème siècle, en France avec l’Affaire Dreyfus et en Russie avec les « Protocoles des Sages de Sion », l’antisémitisme a permis l’émergence du complot de la conquête du monde par les Juifs et les Francs-Maçons.

Pendant la seconde guerre mondiale, « Mein Kampf » et le parti nazi allemand vont reprendre et exploiter le « complot judéo-maçonnique » mais aussi en développer d’autres comme le complot « judéo-bolchévique.

Les « théories du complot » ressurgiront pendant la guerre froide avec le maccarthysme aux États-Unis et le complot antisémite des « blouses blanches » en URSS.

Comme vu dans la partie historique, l’antisémitisme permet d’accréditer la théorie du « complot juif » qui est la théorie complotiste la plus partagée dans le monde…

L’extrême-droite historiquement antisémitisme est aussi adepte des thèmes complotistes. La galaxie Dieudonné, clairement antisémite, développe aussi un discours complotiste.

Le RN, depuis l’accession de Marine Le Pen en 2011 et la stratégie de dédiabolisation-banalisation, a officiellement lissé et délaissé son discours antisémite, du moins en apparence.

GLOSSAIRE :

Rumeur : La rumeur est une histoire souvent surprenante, voire inquiétante, qui circule rapidement par le bouche-à-oreille. En favorisant les échanges entre les personnes, Internet facilite la circulation de ces rumeurs. Très souvent, elle est liée à nos grandes peurs : la mort, l’étranger, la maladie, la technologie, le progrès, la mondialisation. C’est ce qui fait son succès. Important à savoir : au moment où elle circule, on ne sait pas si une rumeur est vraie ou fausse. Si elle est confirmée, elle devient une information authentique. Si elle se révèle inexacte, c’est une fausse information.
Théories du complot : À la différence de la rumeur, face à un événement, la théorie du complot s’oppose à la version officielle soutenue par les autorités ou les grands médias, c’est son point de départ. Elle prétend révéler une explication qui est volontairement tenue secrète. Pensez aux théories sur les Illuminati, sur les services secrets, sur certaines minorités ou les francs-maçons. Que veulent ces groupes ? Ils mènent un complot, autrement dit : ils agissent en secret pour dominer le monde, l’exploiter, le corrompre, voire, pire encore, le détruire en profitant de la complicité du pouvoir et des médias qui masqueraient leur influence.

Désinformation : La « désinformation », c’est autre chose. Elle consiste à utiliser les techniques de l’information pour induire volontairement le public en erreur, cacher ou travestir des faits.

POINTS COMMUNS DES THÉORIES DU COMPLOT

Même si parfois les théories du complot sont différentes les unes des autres, elles ont une série de points communs.

L’opposition à une thèse officielle : Les complotistes considèrent que certaines déclarations officielles sont fausses ou masquent la vérité et qu’il s’agit de mensonges proférés par des institutions politiques, des lobbies scientifiques ou des médias.

La manipulation de l’actualité : pour les complotistes, la plupart des événements de l’actualité mondiale sont manipulés. Le monde est dirigé par une organisation secrète qui conspire pour ses propres intérêts.

Le hasard : Selon les théories conspirationnistes, rien ne serait dû au hasard. Les événements qui semblent les plus anodins seraient en réalité liés. Les versions officielles de décès inattendus sont ainsi souvent remises en cause.

Quatrième point commun : l’accumulation d’arguments pour confirmer leurs théories. Même si ceux-ci n’ont pas de rapport entre eux, leurs arguments donnent l’impression qu’une autre explication s’impose. Les faits qui ne conviennent pas à leur thèse sont ignorés, ceux qui la contredisent sont niés, les autres sont interprétés dans le sens voulu. C’est souvent à celui qui ne croit pas au complot de prouver qu’il a raison !

Pour les complotistes, l’accumulation de petits détails ambigus de ce genre, même faux, devient la preuve d’une manipulation géante. Enfin, dernier élément commun : la vérité révélée par une théorie du complot donne l’impression que ceux qui la nient ou l’ignorent sont naïfs. Les théories du complot suivent des logiques similaires dans leur façon d’agencer des idées et des arguments. Ce sont ces éléments-clés qui permettent de les repérer.

Des complots existent bel et bien. Pourtant, ce n’est jamais grâce aux seuls soupçons ou à des accusations que leur existence est découverte. Que manque-t-il alors souvent aux théories du complot ?

La démarche scientifique repose, entre autres, sur la pratique du doute. Douter contribue à s’interroger sur le monde qui nous entoure. Cependant, les adeptes de théories complotistes poussent cette pratique à l’extrême, reconnaissant une manipulation derrière chaque coïncidence ou maladresse. Par exemple, aux alentours des années 50, les forces armées américaines dissimulèrent des rapports sur des Objets Volants Non Identifiés. Ce qui provoqua quelques soupçons quant à l’existence d’un complot. Si l’armée américaine l’a fait, ce n’est pas par amour du secret mais pour cacher son incapacité à déterminer la nature d’engins volants traversant son espace aérien. Ce qui était un peu gênant en plein contexte de guerre froide et de menaces nucléaires. Les incohérences ne proviennent donc pas ici d’un complot américain mais de l’incompétence de certains services.

La plupart des partisans d’une théorie du complot fonctionnent à l’envers : ils veulent qu’on leur prouve qu’ils ont tort. Et souvent, ils n’accepteront pas une preuve contraire à leur théorie car elle serait forcément faussée par les autorités qui cachent la vérité.

Cette théorie se protège par conséquent de toute critique en s’auto-validant. Elle fonctionne comme une croyance basée sur des soupçons et non comme une enquête basée sur des faits. Plutôt que de prouver eux-mêmes leur théorie, ils rejettent les explications officielles. En résumé, bien que les théories complotistes prennent la forme d’une enquête scientifique ou journalistique, elles échouent souvent à fournir des preuves irréfutables et solides

L’Actualité du complotisme

1. La Covid 19 ou comment le complotisme s’épanouit par temps de pandémie

Lorsque début février 2020, le directeur général de l’OMS évoque une « infodémie massive », à savoir « la circulation de rumeurs et de fausses informations », force est de constater que les milieux traditionnels de la complosphère sont déjà en action. Mais on est encore loin du tsunami de fake news et délires en tout genre qui va déferler dans les mois suivants. Car, plus que toute autre crise, les pandémies constituent des énormes accélérateurs des théories complotistes au niveau planétaire. Et de ce point de vue, la Covid-19 va atteindre des sommets.

Des antivax à la mouvance des anti-masques en passant par les défenseurs du professeur Raoult, bénéficiant du relais des médias en ligne et youtubeurs d’extrême droite, petite cartographie d’une galaxie hétéroclite avec ses différentes constellations et ses principaux visages.

  1. Le cas Raoult

Qualifié de « général Boulanger de la médecine » par Christian Lehmann dans sa chronique quotidienne pour Libération, Didier Raoult symbolise à lui seul l’extrême polarisation des débats durant la pandémie et la place prise autour de sa personne par des figures majeures de la complosphère interroge. Au point que certains en viendront à envisager l’existence d’un « complot contre le Professeur Raoult » de la part des « élites » visant à cacher l’efficacité de l’hydroxychloroquine.

Sans revenir sur la controverse médicale en elle-même, le cas de l’infectiologue marseillais mérite que l’on s’y arrête un instant. Si cet homme de réseaux et patron mandarin de l’IHU Méditerranée Infection, bénéficiant du soutien d’une grande partie du monde politique régional est devenu le temps d’un confinement le symbole d’une colère qui a gagné le pays, c’est que notamment la médiatisation et les débats scientifiques autour du traitement à l’hydroxychloroquine ont très tôt provoqué un gigantesque appel d’air dans les sphères complotistes.

Par-delà sa capacité à médiatiser son travail et sa propre personne via la chaîne Youtube de son Institut ou son compte twitter et sa présence dans divers médias soigneusement choisis, celui qui est rapidement devenu le héraut des antisystèmes et le porte-parole de «ceux d’en bas» a pu bénéficier du soutien de nombre d’élus et personnalités de droite (Muselier, Estrosi, Douste-Blazy…) au point que certains d’entre eux sont aussi devenus des inconditionnels. Mais les plus grands relayeurs de théories complotistes sur le champ politique, parmi les partisans de Raoult, sont à rechercher du côté de l’extrême-droite, dans tout son spectre (RN, Debout la France, UPR, Parti Chrétien-Démocrate…) La droite radicale et/ou populiste a trouvé en lui son héros, un véritable martyr persécuté parce qu’il s’en prendrait aux prétendus intérêts cachés du gouvernement et du lobby pharmaceutique. Gilbert Collard sera un des premiers à reprendre, dès le 24 mars 2020, des éléments-clefs de ce discours conspirationniste mais en prenant soin de ne pas les formuler explicitement. Une prudence dont ne feront pas preuve les divers courants de la fachosphère pour qui le « complot de l’industrie pharmaceutique » se double d’une forte connotation antisémite. Ainsi le groupuscule catholique intégriste Civitas n’hésitera à reprocher au docteur Yves Lévy, époux d’Agnès Buzyn, de tout faire pour discréditer le professeur marseillais. Égalité et Réconciliation, (Soral) verra en Raoult, celui qui incarne la « lutte entre le peuple du bon sens » et « le gang Buzyn-Lévy et toute la clique qui représentent Big Pharma le nouvel ordre mondial ». Dieudonné, a appelé à signer une pétition pour nommer l’infectiologie marseillais ministre de la Santé. Michel Onfray en viendra, lui, à recruter le professeur comme auteur dans sa revue souverainiste, Front populaire.

Sur les réseaux sociaux, et d’abord Facebook, les quelques enquêtes un tant soit peu sérieuses relatives aux groupes favorables à Raoult, ont permis d’abord de mesurer un phénomène social ample et complexe. Loin des caricatures que certains éditorialistes ont voulu en donner, les soutiens en ligne du professeur semblaient présenter, du moins jusqu’à l’issue du premier confinement, un profil politique très disparate où les appartenances partisanes peu marquées partaient d’une dominante à la fois pro « gilets jaunes » et de droite souverainiste avec des sympathisants LR et de gauche radicale. L’analyse de ces groupes laisse à voir la défiance institutionnelle devenue terreau de la contestation couplée à une adhésion sans réserve à la figure de l’infectiologue. Débouchant sur un anti-macronisme prononcé et en arrière fonds une tentation complotiste. De ce point de vue, les similitudes sont multiples entre les soutiens du professeur Raoult, les opposants au port du masque et les antivax.

  1. Des antimasques aux antivax, un noyau complotiste très actif à l’audience grandissante

Plus encore que durant le 1er confinement où le débat public sur le SARS-Cov-2 se centre autour du traitement préconisé par l’infectiologue qui reçoit le soutien d’un certain nombre de figures scientifiques, plus ou moins légitimes, portées par les chaînes d’infos et sur internet, c’est à partir de l’été et de la mise en place de mesures sanitaires strictes que les discours « rassuristes » et complotistes explosent. Sans atteindre l’ampleur des Etats-Unis ou de l’Allemagne, les antimasques français se développent rapidement sur la toile. Les groupes sur Facebook foisonnent, les vidéos dénonçant l’inutilité voire le caractère dangereux des masques voient leur audience d’autant plus s’envoler qu’elles sont relayées par des personnages connus de la sphère complotiste. Le rassemblement des antimasques le 28 août à Paris résume parfaitement la singularité de cette galaxie : D’un côté son incapacité organisationnelle à mobiliser (moins de 300 personnes contre près de 20 000 une semaine plus tard à Berlin). De l’autre son caractère fourre-tout de « super-défiants » agrégeant les ressentiments avec des profils de militant.es ultra actifs. Des habituels de l’UPR, de la sphère antivaccins, des milieux catho conservateurs, des gilets jaunes, des fans de Zemmour, des conspirationnistes radicaux (tels Eric Fiorile, leader autoproclamé du « Conseil national de transition de France CNTF » et qui sera arrêté en décembre par la DGSI dans le cadre d’une enquête sur le groupuscule d’extrême-droite Les Barjols soupçonné de vouloir perpétrer un attentat contre Macron). On pourrait rajouter à cette liste des porteurs de pancartes reprenant le credo complotiste Qanon sur le pédocriminalité et des opposants à la 5G. Le tout sous le regard bienveillant de la chaîne pro russe Sputnik.

Mais ce qui pourrait apparaître comme un rassemblement d’illuminés paranoïaques n’est en fait que la partie émergée d’un mouvement protéiforme beaucoup plus large sur les réseaux sociaux où les déclarations contradictoires des autorités sanitaires sur les masques, la gestion calamiteuse par le gouvernement des processus de confinement/déconfinement et des tests, la course dans la recherche du vaccin ont favorisé la désinformation sur les plates-formes avec des « prêcheurs » spécialisés dans la propagation massive de fake news sur la pandémie, les masques et les vaccins. De ce point de vue, il convient de se pencher sur cette mouvance très complexe sans leaders attitrés ni idéologie commune mais à la force de frappe médiatique considérable. Si les principales figures sont inconnues du grand public (a fortiori de nos milieux militants), elles n’en demeurent pas moins particulièrement influentes à une échelle de masse sur la toile.

On retrouve au coeur de ce puissant réacteur à rumeurs et faxe news, le noyau dur des antivax autour duquel vont se croiser complotistes, anti-masques, 5G et nanoparticules… Si les racines de l’hésitation vaccinale en France remontent à la fin du siècle dernier avec quelques ratés, cette méfiance est entretenue, travaillée par quelques personnalités historiques. Il en va par exemple de l’une des pionnières des intox, la québecoise Guylaine Lanctot, qui avec son essai « la mafia médicale » dénonce depuis plus de 25 ans ce qu’elle nomme la « conspiration » de l’industrie pharmaceutique. A ses côtés le cancérologue de 75 ans Henri Joyeux dont le discours autour de la « dictature vaccinale » est relayé à ses 175 000 abonnés sur Facebook. Il est lui-même défendu par son ami, l’ancien pharmacien Jean-Bernard Fourtillan installé dans le Gard qui est impliqué dans une affaire d’essais cliniques sauvages sur 350 malades de Parkinson ou d’Alzheimer. Avant d’être interné en hôpital psychiatrique en décembre dernier (alimentant le complotisme du milieu), il était surtout co animateur d’un site internet bourré de contre-vérités scientifiques avec deux autres figures antivax : le très droitier Serge Rader, proche de Dupont-Aignan, co-auteur d’un livre avec l’eurodéputé EELV Michèle Rivasi et conférencier sur la radio d’extrême droite Radio Courtoisie et autres médias dits « alternatifs » tel TV Liberté. L’autre comparse, Christian Tal Schaller, est en quelque sorte le trait d’union avec les principaux influenceurs du « bien-être » sur la toile. Lui-même médecin suisse adepte du chamanisme, cet anti-vaccin très virulent, flirtant avec l’antisémitisme, a le 5 mai 2020 participé à un live YouTube qui a cumulé plus d’un demi-million de vues. A ses côtés la fine fleur des complotistes antivax : Thierry Casasnovas, vidéaste crudivoriste et expert en intox dans le domaine médical, ayant fait montre d’une proximité certaine avec les proches de Soral, dans le viseur depuis 5 ans de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), a vu l’audience de sa chaîne Youtube exploser en 2020. Tout comme Jean-Jacques Crevecoeur, conférencier belge en « développement personnel » pour qui « le confinement s’inscrit dans un complot visant à nous vendre un vaccin très onéreux qui injecte des nanoparticules permettant de nous surveiller ». Le dernier participant au live du 5 mai n’est autre que Silvano Trotta, un vidéaste très influent dans la complosphère avec ses théories sur les extraterrestres, la 5G ou le 11 septembre.

Dans cette galaxie antivax, on trouve également de nouveaux astres qui ont en commun de toucher un public plus jeune et d’élargir de manière forte l’audience des discours complotistes depuis le début de la pandémie. On pense alors à Kim Glow, ex-candidate d’une émission de téléréalité, qui inonde de délires complotistes son million d’abonnés sur les plateformes Instagram et Snapchat. Mais aussi Ema Krusi, ex-vendeuse suisse de chaussures et surtout youtubeuse notoire qui fait le lien avec la mouvance Quanon (voir paragraphe 7). De manière générale, ces personnages « anti tout » et vecteurs puissants des discours de la défiance anti vaccinale ont également donné la parole à ce que les médias ont nommé les « rassuristes ». Portés par les chaînes d’infos et les radios, ces scientifiques ou médecins à la parole décomplexée ont dans un premier temps minimisé la gravité de l’épidémie et défendu inlassablement l’hydroxychlotoquine. Puis, au sortir du 1er confinement et durant tout l’été ils ont été en pointe dans la critique des restrictions sanitaires avec un discours anti masque aux relents complotistes tout en niant l’existence d’une seconde vague. Au fil des mois, ils ont quitté les plateaux TV et trouvé asile sur le web. Leur glissement vers des médias « alternatifs » (tel le site Bas les masques, qui se présente comme « média indépendant pour une information libre et objective sur la crise sanitaire » et dont le créateur, Stéphane Simon, avait déjà oeuvré à la naissance de la revue d’Onfray, Front Populaire) en a conduit certains vers des eaux clairement conspirationnistes à l’instar du site France Soir (voir paragraphe 6).

Il en est ainsi de Louis Fouché, anesthésiste réanimateur marseillais peu connu du grand public (par rapport à Christian Peronne ou Laurent Tubiana) mais dont la place dans cette mouvance est rapidement devenue importante. Au-delà des déclarations outrancières, cet ancien des Colibris (le mouvement de Pierre Rabhi et Cyril Dion), désormais soutien de Raoult, qui aime à disserter en ligne avec Ema Krusi ou accorder des interviews à Radio Courtoisie, a surtout été à l’initiative fin août 2020 d’un manifeste qui a réuni 400 signataires et qui a marqué le début de cristallisation d’une ligne commune, celle des rassuristes. Devenu un collectif, Réinfo Covid ( qui entend mobiliser contre un « rapt démocratique » provoqué par la crise sanitaire ) regroupe plusieurs personnalités très contreversées c’est surtout une tête de pont Il est vrai que le fondateur du site

     c) le succès du film Hold Up

Tout ou presque a été dit sur ce film tant il a occasionné une avalanche de commentaires et d’analyses. Il n’est guère utile de revenir

Au final, la pandémie de Covid-19 va charrier toute une série de thèses conspirationnistes qui recyclent pour quelque unes d’entre elles des « discours » déjà anciens. Du complot scientifique (on pense alors à l’accusation contre l’Institut Pasteur, contre la Fondation Bill Gates, au délire de Luc Montagnier associant coronavirus et VIH, sans oublier l’idée selon laquelle les antennes 5G serait responsable de la pandémie) aux divers complots nationaux-xénophobes (à commencer par le « complot américain » largement relayé sur le site d’Alain Soral par le tristement célèbre Thierry Meyssan  ou encore le « complot chinois » qui a déclenché, notamment en Occident y compris en France, une vague d’agressions racistes contre la communauté asiatique) en passant par le toujours présent « complot juif »(avec la figure du milliardaire George Soros par ex).

Derrière le succès des thèses complotistes durant la pandémie, se retrouve cette critique des « élites », du « pouvoir en place » des « médias officiels », déjà largement prégnante avec le mouvement des Gilets jaunes.

2. Le mouvement des Gilets jaunes, nouveau terrain d’influence de la nébuleuse complotiste et regard biaisé des médias généralistes

réelles tentatives de manip et récup par l’ED

les rumeurs et fake news : le pacte de Marrakech, l’attentat de Strasbourg

Les personnalités principales Fly Rider Eric Drouet…. Mike Rambo

les réseaux sociaux et les manifs

3. les portes étendards du complotisme sur le champ politique

L’affinité de l’extrême droite pour la pensée complotiste, Il convient de préciser que les théories du complot ne sont pas l’apanage de l’ED mais Il faut toutefois admettre qu’une longue tradition d’affinité entre l’extrême droite et la pensée complotiste. Pour certains, cela fait parti de la matrice idéologique.

  1. Le rôle de Cheminade (Solidarité et Progrès) et d’Asselineau (UPR)

Le Parti Ouvrier Européen (POE) est apparu en France en 1978, son fondateur, Lyndon Larouche, mort en 2019, était le leader américain d’extrême droite, conspirationniste et antisémite. Il a occupé une place centrale et a été un de ceux qui ont le plus distiller auprès du public américain et européen, d’innombrables théories du complot.

En France, c’est « Solidarité et Progrès » de Jacques Cheminade qui est la branche du POE. Derrière une vitrine de préoccupations sociales, S&P expose en fait des idées conspirationniste et d’extrême droite. Quelques exemples des théories du complot de Larouche : l’accession de Hitler au pouvoir en Allemagne aurait été planifiée par le Royaume-Uni ; les Beatles seraient une émanation des services de propagande britanniques ; le contenu des Protocoles des Sages de Sion, le faux antisémite fabriqué par un agent de la police secrète tsariste, serait authentique ; le père de Barack Obama aurait été un agent des services secrets britanniques. Ses méthodes de recrutement sont assimilées à « un comportement sectaire ». Condamné à la fin des années 1980 pour fraude postale et tentative de fraude fiscale, LaRouche passera cinq années derrière les barreaux, de 1989 à 1994. Il fondera par la suite le Lyndon LaRouche Political Action Committee (ou LaRouchePAC), la vitrine officielle de son organisation.

Le POE est financé par la publication de revues et par le biais d’organismes tels l’Institut Schiller. Son épouse, Helga Zepp-LaRouche, dirige la branche allemande du mouvement, le BüSo (ou « Mouvement des droits civils et Solidarité ») ainsi que l’Institut Schiller. Elle a participé, aux côtés de Jacques Cheminade, mais aussi de Dieudonné et de Michel Collon, à la conférence Axis for Peace organisée par le théoricien du complot Thierry Meyssan à Bruxelles en novembre 2005. D’anciens membres du mouvement sont par ailleurs devenus des auteurs conspirationnistes influents, c’est le cas de Webster G. Tarpley ou de F. William Engdahl.

L’organisation compte de nombreuses ramifications en Amérique du Nord et en Europe. Il dispose d’un mouvement de jeunesse qui a pour habitude de dresser des stands dans les rues, sur les trottoirs ou à la sortie de bouches de métro, pour engager la conversation avec les passants.

L’ Union populaire républicaine (UPR), ce parti souverainiste ,fondé en mars 2007 par François Asselineau, est réputé pour diffuser des analyses aux relents complotistes. Une constante dans le programme de l’UPR est la domination cachée des États-Unis, où la CIA, le FBI avec diverses personnalités politiques américaines comploteraient au profit du parti de MLP, d’ailleurs les couleurs des logos de certains partis en France prouveraient cette conspiration. Encore plus farfelu, le dalaï-lama serait un agent Nazi-américain.

Si L’UPR se fait si rare dans les médias, c’est aussi un complot. Invité sur le site Agoravox, François Asselineau a aussi donné son analyse sur le Bildeberg 2013. Aux fils des années, les différentes universités d’automne de l’UPR ont accueilli des invités eux aussi clairement marqués à droite voir à l’extrême droite, ou bien largement liés à la sphère conspirationniste ou rouge-brune. La première UDA à vue, en 2012 sous son chapiteau, venu débattre le gratin du conspirationnisme français, étaient présents : Robert Menard, Alain Benajam.

Au fil des années, les intervenants n’ont pas verser que dans le conspirationnisme puisque l’on a pu y voir aussi des proches de négationnistes comme Jean Bricmont et Bruno Drweski proche de Claude Karnouch et défenseur de feu Robert Faurisson. En mars 2015 c’était Vanessa Beeley l’invitée spéciale d’Asselineau. Beeley est l’une des principaux contributeurs du site conspirationniste américain 21stCenturyWire, fondé par Patrick Henningsen. L’UPR peut aussi compter sur les invitations des médias « dissidents ».

D’ailleurs, en 8 ans d’existence, l’organisation a compté dans ses rangs plusieurs figures de cette galaxie de médias dits de ré-information, comme Tepa, fondateur du site « résistant » Meta TV. A l’approche des régionales de 2015, l’UPR a tenté de lisser son image, en septembre 2015, Asselineau a envoyé un mail à ses responsables, leur demandant de « nettoyer immédiatement toutes [leurs] pages Facebook ou Twitter».

  1. Les vaisseaux amiraux de la complosphère 

Égalité & Réconciliation est l’un des principaux sites conspirationnistes français. Fondé en 2007 par Alain Soral, E&R diffuse une idéologie se réclamant du national-socialisme. E&R a pour secrétaire général Julien Mimault depuis 2010. Pierre de Brague assure quant à lui les fonctions de rédacteur en chef du site internet. Philippe Péninque et Jildaz Mahé O’Chinal, deux anciens du GUD, ont en outre participé comme prête-noms à la fondation de l’association E&R en 2007. Le site internet constitue l’une des plates-formes les plus productives et les plus influentes, ouvertement antisémite. Il relaie le matériel négationniste et complotiste, les théories du complot « judéo-maçonnique » et de l’« axe américano-sioniste » font partis des classiques du site. Au catalogue de Kontre Kulture, la librairie en ligne fondée par Soral et accessible depuis E&R, sont proposés de nombreux auteurs conspirationnistes et négationnistes. E&R n’hésite pas à relayer toutes les théories du complot des plus classiques aux plus improbables. Les plus récentes ont pour thèmes la pédocriminalité (l’affaire Nordhal Lelandais), la vaccination ou encore l’incendie de Notre-Dame de Paris.

Le 13 décembre 2017, Facebook a supprimé les pages d’Alain Soral et de son site. En 2018, la chaîne YouTube d’E&R a été suspendue pour être à nouveau accessible deux jours plus tard et l’application « Égalité & Réconciliation » a été retirée de la plate-forme App Store d’Apple. Le site possède également une radio en ligne depuis janvier 2019, ERFM diffuse d’ailleurs chaque mois l’émission Faits & Documents (l’héritage de feu Emmanuel Ratier) . Au Bon Sens « produits sains & enracinés » est aussi un site consultable sur E&R, édité par la SARL Culture pour Tous. On peut y acheter toutes sortes de produits « naturels »et/ou estampillés Bio.

E&R est très présent sur les réseaux sociaux, sur YouTube et sur Dailymotion . Même s’il est en déclin depuis plusieurs années, le site d’Alain Soral demeure l’un des principaux sites conspirationnistes francophones.

  1. Quand est-il du RN ?

Une certaine vision du monde basée sur le conspirationnisme rassemble les militants et électeurs du Rassemblement national. La théorie du complot joue un rôle important dans les raisonnements et dans l’articulation de la rhétorique d’extrême droite. Les concepts de complot, de conjuration ou de cabale sont nombreux dans les ouvrages et les discours de JM Le Pen.

La grille de lecture complotiste, on la retrouve dans les thématiques favorites du RN : celle d’une caste de nantis qui manipulerait le reste de la population à son avantage, ainsi cela leur permet de remettre en question la parole des autorités publiques ou encore les médias traditionnels. Ceux qui se reconnaissent dans le RN montrent aussi une défiance assumée envers certaines institutions, école et justice…

Où encore, malgré une volonté de dédiabolisation du parti, entamée depuis de nombreuses années et qui est loin d’être achevée, bien que Marine Le Pen et son entourage aient officiellement rompu avec l’antisémitisme et le négationnisme, le RN n’est pas parvenu à se débarrasser de l’héritage paternel. La théorie du complot sioniste mondial et l’antisémitisme persistent au RN que ce soit chez ses sympathisants, au sein de son électorat ou parmi certains représentants et ce en dépit des exclusions. La théorie conspirationniste de Renaud Camus, dites du « grand remplacement » sur une thématique anti-immigration fait parti de sa rhétorique maintenant depuis de nombreuses années.

Le discours et la rhétorique du RN, continuent dans cette stratégie vieille comme le Front national c’est à dire d’essayer de naviguer entre deux pôles assez contradictoires : montrer qu’on est un parti crédible, rationnel et la nécessité de se démarquer du reste de l’offre politique. Respectabilité, provocation… Deux pôles avec lesquels Marine Le Pen jongle selon le contexte et le temps politique. Quitte à flirter avec de vieux démons.

Dernier exemple en date sont les propos tenus, par le porte-parole du RN, Sébastien Chenu, au sujet du « docu HOLD UP » , qui a dit ne pas adhérer à la thèse d’un complot de l’élite mondiale, qui serait responsable de l’épidémie du Covid mais a déclaré défendre un droit au doute de la parole publique

4. Les supports de la propagande complotiste : l’extrême, les médias : « Réinformation » et banalisation.

Depuis longtemps déjà l’extrême droite s’épanouit sur la toile. Des centaines de blogs déclinent toutes les formes de propagande réactionnaire, du catholicisme intégriste, néo-paganisme au complotisme, sur les forums des grands sites de presse ou les réseaux sociaux, des myriades de « commentateurs » anonymes martèlent leurs convictions xénophobes, révisionnistes, nationalistes. Utilisant toutes les potentialités d’interactivité, de réactivité, de production et de diffusion de contenu audiovisuel offertes par internet, tous ces sites sont de purs et simples organes de propagande, pour qui « réinformer » ne peut être que révéler ce que les médias et les pouvoirs officiels ou occultes dissimulent. En aucun cas, on peut les considérer comme média d’information.

Parallèlement, on retrouve sur les ondes TV et radio, un certain nombre de personnalités, dont les provocations sont susceptibles de créer « le buzz ». En plus des nombreuses invitations et interviews de membres du RN dans les médias, on voit des personnages de la droite décomplexée et de l’extrême-droite se croiser régulièrement, sous des étiquettes diverses, chroniqueurs, polémistes, experts, communicants, etc, sur les plateaux des talk-shows, notamment sur les chaînes d’information en continu. Ce petit monde connaît également quelques îlots d’hospitalité sur des chaines d’infos grand public, sur la version numérique de certain quotidien (France Soir : le site de Xavier Azalbert est devenu un incontournable sur la scène complotiste française) et meme sur le service public. On peut fréquemment les voir et entendre sur Cnews, BFM-TV, C8, LCI, RMC, SUD Radio, Europe 1, RT/Sputnik, etc… La réponse récente des grandes plateformes en ligne avec suppression de sites (Dieudo/Soral/antivax, Quanon, Trump) et les tentatives de « modération » des GAFAM n’ont fait que déplacer le problème vers d’autres supports (Odysée, Gab, Parler)…

La liberté d’expression : du libre marché des idées à la manipulation de l’information

Quelques rappels du contexte historique d’émergence de ce concept : il apparaît avec Spinoza et les Lumières dont l’expression politique se manifeste lors de la Révolution française. Pour Spinoza et les révolutionnaires française, il s’agit de la possibilité de critiquer l’existence d’un pouvoir politique sans qu’il empêche l’expression d’idées le remettant en cause.

Aujourd’hui et depuis de nombreuses années, la liberté d’expression est utilisée comme technique de victimisation par les extrêmes-droites, et s’attribuent la dénonciation du politiquement correct, sous forme d’injonction à défendre leur “liberté d’expression” qui sont le plus souvent brandis pour défendre les idées racistes et antisémites. Pour rappel, la manifestation Jour de Colère organisée en janvier 2014, plusieurs milliers de membres de la fachosphère ont défilés à Paris, dont l’un des mots d’ordre était la restauration de la liberté d’expression.

Ce sont de faux débats, la liberté d’opinion et d’expression est une liberté fondamentale qui comporte des limitations strictes notamment sur les manifestations racistes ou antisémites à travers des propos ou des actes.

Par ailleurs si c’est le cheval de bataille de l’extrême droite, Il ne faut pas sous-estimer l’audience des néo réactionnaire. Il ne se passe pas une journée sans qu’ils ne dénoncent le politiquement correct, notamment sur les questions de l’immigration, l’islam…des sujets traités quotidiennement.

5. Le confusionnisme

Il est le fait des courants conservateurs, réactionnaires et souverainistes, appartenant à la sphère de l’extrême droite, s’approprient et utilisent des thématiques habituellement portées par des courants situés à l’opposé sur l’échiquier politique. Ils investissent ainsi les terrains de luttes de leurs opposant·es politiques (anticapitalisme, écologie, etc …), en utilisant une rhétorique qui leur est proche, pour servir en réalité leur propre idéologie. Le confusionnisme se développe sur l’idée que « la politique » désigne uniquement les actions menées par les classes dirigeantes, amenant les individus à se proclamer « apolitiques ». Exemple l’anti-système : le mot repris par l’extrême-droite, Il s’agit de critiquer le système, en général une négation de l’existence des classes sociales et des rapports d’exploitation, de domination, et de contestation au sein de la société. Le « système » est envisagé comme un bloc uniforme. Ainsi, l’extrême droite peut se déclarer révolutionnaire, c’est avant tout parce qu’elle considère le système comme trop libre, pas assez autoritaire. Les ex de la FI (Djordje Kuzmanovic, François Coq, Kotarac), les russophiles Jacques Sapir, Olivier Berruyer (et son blog les crises), Jacques Nikonoff, Étienne Chouard sont ce qu’on appelle des « confusionnistes ». C’est-à-dire qu’ils diffusent une confusion politique en s’appliquant à brouiller les marqueurs politiques. Ce faisant, ils dédiabolisent et banalisent l’idéoloqie d’extrême-droite. Concrètement, les confusionnistes prétendent que toutes les idées se valent, y compris celles qui prônent la haine (incitation à la haine, discriminations, boucs-émissaires, théories du complot etc. contre les femmes, les migrant-es, les juif-ves, les musulman-es…), et que les anti-démocrates, les violent-es, ne sont pas celles et ceux qui diffusent ces idées mais celles et ceux qui les combattent.

6. Le phénomène Qanon

Comment cette thèse conspirationniste venue des EU a percé en Europe :

Né en octobre 2017 sur le forum ‘4-Chan’ à l’initiative d’un anonyme « Q Clearence patriot », ou Q (d’où le nom Q-Anon) une théorie des plus farfelues dénonce une cabale de pédocriminels voire de satanistes, agents du « deep state » (qui serait une administration parallèle) dont des élites politiques américaines, essentiellement démocrates. L’ex-président Trump s’attellerait donc en secret pour l’éliminer via une grande campagne d’arrestations, « big storm ».

QAnon devient en quelque sorte un ralliement pour faire tomber ce complot. Au-delà de l’aspect délirant, la plupart des adeptes se trouvent être racistes anti noirs, anti-musulmans et antisémites (Soros étant par exemple pris pour cible). Aux Etats-Unis, ce mouvement n’est plus négligeable, et à ces dernières élections, une quinzaine de candidats s’en réclamant ont pu se présenter à la chambre des représentants (2 élues, Marjorie Taylor Greene, d’ores et déjà attaquée pour ses incitations à la violence contre les socialistes, et Lauren Boebert dans le Colorado qui semble s’écarter de Qanon).

Facebook, Youtube et Instagram censurent assez largement au moins depuis octobre [Le Monde des 6 et10 /10/20] la diffusion des messages de QAnon jugés incitatifs à la haine. Le groupe facebook francophone FR17 de Qanon a été fermé le 6 octobre.

Par ailleurs, les adeptes de Qanon se retrouvent dans les mouvements anti-masque et contre les mesures sanitaires liées à la Covid en général. Ceci non seulement aux USA mais également en Allemagne, et dans une moindre mesure en France. Pour ce qui est des adeptes francophones de QAnon, ils se trouvent essentiellement au Québec et en France et un peu en Belgique. Des symboles ‘Q’ sont apparus en France en particulier à la rentrée des GJ début d’automne.

En conclusion, le capitalisme, qui érige l’égoïsme en moteur de l’économie, introduit dans l’inconscient collectif l’idée que les puissances financières détiennent le vrai pouvoir et rendent le citoyen prisonnier d’un jeu auquel il est bien difficile de se soustraire. Ainsi, ce que certains appelleront complot pourrait tout simplement n’être qu’une manifestation logique et structurale d’un système économique qui a mis la majorité du peuple de côté. Du coup, face à ce sentiment de privation du pouvoir ressenti à juste titre par le citoyen, le seul remède ne peut être que politique…

Camille Boulègue