Le 17 octobre, à l’occasion du Conseil Européen, les signataires de Maintenant le Peuple ont publié une déclaration commune, notamment sur les questions de migrations.
Cette semaine, le Conseil Européen se tiendra à Bruxelles. Il s’agira du premier depuis que le gouvernement autrichien, dirigé par Sebastian Kurz, en assume la Présidence. L’axe de la politique européenne est en train de se déplacer vers l’extrême-droite, avec la formation du gouvernement italien de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles et le tournant autoritaire de pays comme la Hongrie et la Pologne, qui ont tourné le dos, parmi tant d’autres choses, au droit international sur les questions d’asile.
Dans ce contexte actuel de polarisation, les positions de Macron et de Salvini sont bien plus complémentaires qu’opposées. Ce sont l’absence de solidarité européenne et les politiques d’austérité qui ont alimenté la xénophobie en Europe durant ces dernières décennies et qui permettent maintenant à Salvini d’agir contre les migrants en Italie. La présidence de S. Kurz marque un saut qualitatif des tendances réactionnaires dans l’espace politique européen, en alimentant le mantra du manque de ressources, pour alimenter la concurrence entre les opprimés. Ce mantra, créé et alimenté par le néo-libéralisme, unifie les forces réactionnaires, depuis l’extrême-centre de Macron jusqu’à l’extrême droite de Salvini.
En tant que forces progressistes émergentes, nous nous opposons aux solutions d’une Union Européenne qui souffre d’une grave absence de solidarité et de respect des droits humains. Les solutions proposées ces derniers mois pour distribuer entre quelques pays les personnes sauvées en Méditerranée ne sont pas suffisantes si elles ne se basent pas sur une politique d’accueil réelle et durable.
A la lumière de ces éléments, nous voulons dire haut et clair que nous nous opposons à la politique de gestion des frontières de l’UE, mise en œuvre par Frontex, qui condamne à mort des milliers de personnes en Méditerranée et qui permet la croissance de voix autoritaires, comme celle de Salvini. Nous nous opposons fermement à la politique de Forteresse Européenne, basée sur l’externalisation des frontières, qui viole la souveraineté de pays tiers, rendant ainsi l’UE responsable des viols et des tortures qui frappent les demandeurs d’asile en Lybie et dans toute l’Afrique et qui ouvrent la route aux mafias. Ce mépris pour les droits humains et pour les normes et principes qui régissent le droit d’asile constituent également une sérieuse menace pour la citoyenneté européenne.
En outre, l’UE a d’énormes responsabilités dans les origines de ces migrations, à cause des exportations d’armes, du pillage des ressources naturelles, des politiques de spoliation des richesses par les multinationales, ou des accords de libre-échange, qui ouvrent la voie à la corruption. Du reste, en concentrant le débat sur l’immigration, Macron et Salvini tentent de cacher les problèmes réels qui affectent les populations européennes.
A l’intérieur même de l’UE, nous refusons la fatalité de l’exil forcé pour des centaines de milliers de jeunes européens (issus principalement des pays du Sud), qui se voient contraints d’abandonner leurs pays dévastés par le chômage causé par les politiques d’austérité. De même, nous ne pouvons nous résigner à l’impuissance face à l’accroissement des tensions internationales et à la multiplication des conflits armés qui poussent à des migrations forcées. Nous ne pouvons pas non plus abandonner la lutte pour une profonde transformation écologique du système productif et énergétique : des territoires entiers de notre planète sont en train de devenir inhabitables. Il ne d’agit pas d’une évolution naturelle, mais bien de résultat du réchauffement global généré par notre modèle actuel de production et de consommation.
Nous défendons une politique d’accueil et de défense des droits fondamentaux pour une UE qui ne fuie pas devant ses responsabilités. Comme nous l’avons déjà déclaré au mois de juin, l’Europe n’a jamais été aussi prospère et, en même temps, aussi inégalitaire. L’application des politiques austéritaires n’a résolu aucun des problèmes structurels qui ont conduit à la crise. Nous devons abandonner la politique de sauvetage des banques qui transfère les coûts sur les peuples.
La réunion du Conseil de cette semaine sera la mise en scène de la manière dont l’extrême-droite tente de s’approprier le futur de l’Europe. Macron et ses amis libéraux feindront de s’y opposer pendant qu’ils continueront à organiser l’externalisation des frontières et l’accroissement des expulsions. Notre solution doit avoir pour base les droits sociaux et les droits des trravailleurs-euses, ainsi que la défense de nos institutions démocratiques et des principes féministes, LGBTI et anti-racistes. Nous défendons une politique d’accueil sincère, digne et décente, coordonnée entre tous les pays européens, ainsi qu’une politique de coopération internationale au lieu des accords actuels de libre-échange. Si on nous rétorque que cela ne se peut, que cette alternative n’est pas possible au sein des institutions et des traités européens, nous répondrons que la réaction face aux injustices, que la volonté démocratique et organisée de la population a toujours été le moteur qui fait changer les choses. Construire une alliance internationale qui met la solidarité et les droits sociaux au centre de la politqiue et par-dessus tout le reste, telle est notre priorité.
Pablo Iglesias, secrétaire général de Podemos Etat espagnol
Catarina Martins, coordinatrice du Bloco de Esquerda Portugal
Jean-Luc Mélenchon, président du groupe parlementaire France Insoumise France
Soren Sodergaard, député de Enhedslisten – Alliance Rouge et Verte Danemark