Le Parti socialiste a pris une décision lourde de conséquences en choisissant de ne pas censurer le gouvernement dirigé par François Bayrou. Cette position permet la poursuite et l’aggravation des politiques anti-écologiques, antisociales et liberticides, des politiques qui étouffent les collectivités locales et les services publics.
La « non censure » n’a pas affaibli les macronistes, la droite et l’extrême-droite. Au contraire, elle a fracturé le NFP en rejetant ce qui a fait la force de celui-ci dès sa création : une rupture claire avec la politique d’Emmanuel Macron et avec la montée en puissance de l’extrême droite et ses idées.
La Gauche EcoSocialiste a toujours défendu l’unité politique, y compris sur le terrain électoral, sur une base de rupture sociale, démocratique, et écologique, la seule qui puisse mobiliser pour intervenir ensemble et susciter l’espoir, comme cela a été le cas avec le NFP en 2024. Une telle unité est incompatible avec le refus de censurer le budget le plus austéritaire de la Ve République.
Or, face au danger de l’extrême-droite et aux coups antisociaux redoublés de la Macronie, la gauche doit chercher à demeurer unie sur un programme de rupture. Cela suppose que son pôle de rupture, la France Insoumise en tête, persiste à tendre une main fraternelle aux électeurs et électrices, sympathisant·es, militant·es et cadres du PS qui, en dépit des errements de leur direction, n’ont pas perdu leur boussole. Avec celles et ceux-là, nous avons certes des désaccords ; mais nous savons aussi pouvoir, dans une perspective unitaire, construire une réponse à la hauteur des enjeux de la période. La thèse des deux gauches supposément irréconciliables traverse d’abord le PS. Nous ne devons pas perdre l’espoir qu’au PS, la gauche finisse par l’emporter, parce que c’est à la direction de celui-ci de mettre fin à cette course vers l’abîme.
L’éventualité d’un affaiblissement de la gauche serait une opportunité pour ceux qui voudraient en profiter. La possibilité d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale pour le mois de juillet rendrait envisageable la formation d’une majorité réactionnaire, voire pire. En effet, combien de député·es de gauche seraient en capacité de conserver leur siège en cas d’effacement définitif du NFP ? Sans compter que cette situation ouvre également un boulevard vers l’Élysée pour Marine Le Pen.
Il est temps de dire stop. Si elles ne veulent pas disparaître, les forces de gauche doivent reconstruire leur union autour d’un programme de rupture, un programme mobilisateur, porteur d’espoir. Un programme du type de celui du NFP, adapté à chaque échéance de lutte sociale ou lors d’échéances électorales ; un programme qui vise une amélioration concrète de la vie des gens.
Alors que l’ombre menaçante de l’extrême droite s’étend, s’abandonner aux divisions constituerait une faute historique. Comme le disait Aragon : « Quand les blés sont sous la grêle, Fou qui fait le délicat, Fou qui songe à ses querelles, Au cœur du commun combat. » Encore faut-il que la direction du PS décide de reprendre sa place dans ce combat commun.
Nous appelons les dirigeant·es du PS à se ressaisir et invitons les millions de partisans du Nouveau Front Populaire, qui se sont massivement mobilisés lors des élections législatives, à faire entendre leur aspiration à l’unité et la nécessité de barrer la route à la droite et à l’extrême-droite.
Emma, Clément