La pandémie de COVID-19 vient bouleverser notre société, fragilisée par l’affaiblissement des services publics et de l’État : pourtant, rien n’est planifié pour la mobilisation sanitaire et le renforcement de l’hôpital public. La crise sociale et économique qui s’annonce vient s’ajouter à des inégalités déjà insupportables : pourtant, rien n’est fait pour l’emploi, pour les premiers de corvée, contre les délocalisations ; au contraire, les profiteur·ses de crise engrangent les bénéfices avec l’aide de l’État et ses subventions publiques par milliards sans contrepartie et sans vision stratégique. Le changement climatique est désormais irréversible : pourtant, rien n’est planifié non plus pour enclencher l’indispensable bifurcation écologique, pour en atténuer les effets et nous y adapter.
La volonté et la colère populaires se sont fortement exprimées dans la rue, de la mobilisation des Gilets jaunes à celle contre la réforme des retraites, des jeunes pour le climat ou des personnels soignants ; pourtant, excédé·es par les renoncements, les promesses trahies, trop de nos concitoyen·nes ne voient plus le vote comme le moyen de changer réellement leur quotidien. La grève du vote du peuple français, marquée par une abstention inédite, s’aggrave scrutin après scrutin, à commencer par les jeunes et les quartiers populaires. Les élections s’apparentent de plus en plus souvent à un suffrage censitaire, où seuls les privilégiés voteraient, et dont la plupart des formations politiques semblent s’accommoder.
En mars 2021 se dérouleront, le même jour, les élections régionales et départementales. Elles doivent constituer un point d’appui pour amplifier la mobilisation face à l’urgence sociale, environnementale et démocratique.
Notre région, l’Île-de-France, est à la fois la région la plus riche et la plus inégalitaire. Elle est riche de ses quartiers populaires et de ses campagnes, de sa vie culturelle, de sa jeunesse, de son dynamisme, de son immense diversité. Elle est pourtant meurtrie par les inégalités sociales, le racisme et les discriminations, par les grands projets inutiles et la bétonisation qui menacent les terres agricoles, par la pollution de son air, de ses sols et de ses eaux, par la destruction des services publics.
Les cinq années de mandat de Valérie Pécresse ont été cinq années perdues pour relever les défis de l’urgence climatique et sociale. Au contraire, son bilan écologique, social et économique est un bilan de régression. Valérie Pécresse, dans ses actions et son budget régional, s’est contentée d’accompagner en l’aggravant la politique de Macron. Les inégalités sociales entre les villes et les départements se sont accrues. La nécessaire et urgente bifurcation écologique a été réduite à la communication et à la propagande. Notre région est aujourd’hui une institution dirigée par Paris, Neuilly, Versailles pour Paris, Neuilly, Versailles.
Pour tourner la page, nous appelons à construire une fédération populaire, pour notre région et ses départements. Notre démarche s’inscrit évidemment en opposition au président Macron, son gouvernement, sa majorité et les politiques néolibérales, anti-sociales et anti-écologiques. Elle vise aussi à bâtir une alternative à la politique menée aujourd’hui par la Région, pour être immédiatement utiles face à l’ampleur de la crise et partir à la conquête de nouveaux services publics.
Par cet appel, nous proposons de fédérer, en Île-de-France, autour de causes communes :
- un bouclier social et sanitaire : sauver les emplois d’aujourd’hui en conditionnant les aides publiques dispensées par la région aux entreprises et aux associations, et préparer ceux de demain par la formation professionnelle en lien avec la bifurcation écologique ; décider la gratuité des services essentiels comme les transports et les cantines scolaires, en mettant fin aux inégalités entre les départements ; favoriser la relocalisation d’activités économiques et l’essor de l’économie sociale et solidaire ; permettre l’accès à des logements dignes et accessibles pour toutes et tous…
- La bifurcation écologique : investir massivement dans la rénovation et l’extension des transports publics du quotidien et les mobilités douces en refusant l’ouverture à la concurrence et les projets destinés aux riches comme le CDG Express ; mettre fin à l’artificialisation des terres agricoles et aux grands projets inutiles et imposés ; planifier la transition vers une agriculture paysanne créatrice d’emplois, respectueuse des êtres humains et de la biodiversité et refuser les pesticides ; favoriser l’économie circulaire et les circuits courts, en particulier en alimentant les cantines scolaires en produits locaux et bio ; engager un plan de rénovation des lycées ; promouvoir une gestion publique, citoyenne et écologique de l’eau…
- La rénovation démocratique : s’appuyer sur l’implication citoyenne et la souveraineté populaire avec l’outil du référendum d’initiative citoyenne locale ; démocratiser le fonctionnement de l’Assemblée régionale ; promouvoir l’exigence d’un moratoire sur le déploiement de la 5G ; stopper l’austérité et les logiques de concurrence imposées aux associations ; faire vivre la laïcité en refusant notamment les financements publics à la construction ou la rénovation d’établissements scolaires privés et les subventions en contradiction avec la loi de 1905…
Cette ambition nouvelle, nous voulons la porter avec les citoyennes et citoyens engagé·es dans les combats et initiatives écologiques, sociaux et démocratiques, avec les collectifs, les associations, les ONG, les syndicats et avec les forces politiques qui partagent ces objectifs, avec l’ambition de les rendre majoritaires en mars prochain.
Il est temps de nous fédérer. Place aux causes communes !