Nous, femmes, responsables politiques françaises, prenons la parole pour dénoncer la nomination de Gérald Darmanin à la tête d’un des plus importants ministères pour lutter contre les violences faites aux femmes. Cette parole que nous, femmes, avons eu tant de mal à libérer au travers du mouvement #MeToo, notamment, doit être entendue et respectée.
Cette nomination intervient après les dernières élections municipales qui, malgré une abstention qui doit toutes et tous nous interroger, ont permis que la moitié des plus grandes villes de France soient désormais administrées par des femmes ayant conduit des listes de renouvellement citoyen.
Comment, alors, tolérer cet entre-soi «d’homme à homme» dans le choix stratégique du ministre de l’Intérieur ? Gérald Darmanin est présumé innocent. Mais comment justifier la promotion à l’Intérieur d’un ministre mis en cause dans une enquête préliminaire pour viol, harcèlement et abus de faiblesse et dont les avocats ne contestent pas les faits mais leur qualification pénale ? D’un ministère qui doit être celui de la protection des citoyennes face aux violences sexistes et sexuelles toujours aussi nombreuses ? Comment assurer l’équité des parties dans ces conditions ? Cette indignation transcende les clivages politiques républicains.
Nous, femmes en politique, pouvons témoigner de la double violence que les femmes doivent affronter. La violence politique, bien souvent décuplée à leur encontre, et les violences ordinaires que subissent toutes les femmes (compétences sans cesse remises en cause, difficultés à concilier vie familiale qui repose encore trop souvent sur les femmes et vie professionnelle ou militante, etc.).
Depuis le début de la Ve République, seules deux femmes ont accédé au second tour de l’élection présidentielle, et personne ne peut oublier le torrent d’injures sexistes qui a accompagné la nomination de la seule femme Première ministre sous François Mitterrand il y a bientôt trente ans. Au-delà des convictions politiques, nous, femmes responsables politiques, qui nous nous inscrivons dans la tradition républicaine et démocratique, dénonçons cette injure de trop, faite tout à la fois à l’exemplarité politique et, plus grave encore, à toutes ces femmes qui ont tant de mal à être entendues par les institutions policières et judiciaires de notre pays.
La police républicaine mérite mieux que cette nomination et les femmes en politique comme ailleurs ne se tairont plus ! Gérald Darmanin ne peut rester ministre de l’Intérieur. Son maintien signifierait un égal mépris de la part du président de la République vis-à-vis de toutes les femmes et de leur combat pour le respect et l’égalité.
Premières signataires : Manon Aubry Eurodéputée LFI, coprésidente du groupe de la Gauche unitaire européenne, Clémentine Autain Députée de Seine-Saint-Denis (Ensemble-insoumis), Martine Billard Oratrice nationale La France insoumise, Alice Bosler Coordinatrice nationale des Jeunes Génération·s, Joséphine Delpeyrat Pôle féminisme du collectif national Génération·s, Dieynaba Diop Porte-parole du Parti socialiste et adjointe au maire aux Mureaux, Elsa Faucillon Députée PCF des Hauts-de-Seine (Gennevilliers, Colombes, Villeneuve), Léa Filoche Adjointe à la maire de Paris, Géraldine Guilpain Secrétaire générale des Radicaux de gauche, Hélène Hardy Membre du bureau exécutif d’EE-LV, Anne Hessel Coprésidente d’honneur de Nouvelle Donne, Annie Lahmer Conseillère régionale EE-LV, Roxane Lundy Membre du collectif national Génération. s, conseillère municipale de Beauvais, Céline Malaisé Conseillère régionale PCF, Claire Monod Coordinatrice nationale Génération·s, Corinne Narassiguin Secrétaire nationale à la coordination et aux moyens du Parti socialiste, Raphaëlle Rémy-Leleu Conseillère de Paris, Barbara Romagnan Membre du collectif national Génération. s, Virginie Rozière Coprésidente des Radicaux de gauche, Eva Sas Porte-parole EE-LV, Sophie Taillé-Polian , Isabelle This Saint-Jean Secrétaire nationale aux études du Parti socialiste.