Tout le monde peut voir ce qui se passe ces jours-ci. Nous sommes au milieu d’un cirque d’intérêts de forces politiques qui n’ont rien à voir avec les intérêts du pays réel.
D’autre part, la Ligue et le Mouvement 5 Étoiles, en un an et demi de gouvernement, ont très peu fait pour répondre aux besoins des couches populaires : aucune trace de mesures sérieuses et efficaces pour redistribuer la richesse, redémarrer et développer le tissu productif du pays tout en protégeant les millions d’emplois pulvérisés par la crise, aucune extension des droits et aucune amélioration concrète des conditions de vie de la majorité de la population, des plus pauvres.
Le Mouvement 5 Étoiles n’avait pas seulement besoin d’avoir une attitude plus que soumise envers son allié de gouvernement pour l’envelopper. Le parti “ni droite, ni gauche” de Di Maio a trahi les principes et les promesses en faveur des couches sociales populaires sur lesquelles il avait accumulé un boom de consensus certifié il y a deux ans, à peine : la capitulation sur le TGV Turin-Lyon et sur les luttes environnementales, l’impasse importante sur les questions sociales (où est le décret pour les riders ? Le salaire minimum ? La révocation des concessions sur les autoroutes à Benetton ? ), jusqu’à fermer les yeux sur le honteux Décret Securité bis et céder à l’immunité parlementaire de ce même Salvini …
Ce n’était pas suffisant pour la Ligue et maintenant elle est en train de capitaliser sur le changement
d’équilibre du pouvoir entre les deux partis, tel qu’il a été consacré par le vote aux européennes.
Certainement pas pour faire ce que nous devons faire : Salvini a été secoué pour gagner plus de pouvoir et réaliser ce qui est dans l’ADN de son parti, depuis 1994 : un programme au profit des suspects habituels, incarné par la déréglementation des marchés et l’autonomie différenciée, ou des allégements fiscaux en faveur de la richesse parasitaire, la liberté de la fraude fiscale et de l’exploitation du travail.
En dehors du contrat du gouvernement, il regarde le PD à qui, tout bien considéré, un gouvernement Salvini pourrait ne pas faire d’horreur. Au-delà de l’appel répété à l’unité contre la vague léghiste noire, l’accord avec la Ligue sur les politiques stratégiques est étonnant : la réalisation de grands travaux inutiles, l’opposition au salaire minimum, les mesures fiscales et la loi budgétaire alignées sur l’austérité et les demandes européennes, accélérées sur l’autonomie régionale (voir Emilia Romagna). Il semble que le seul intérêt réel du Parti Démocratique, auquel Zingaretti n’a pas imposé de changement de garde digne de mention sur le contenu, soit la disparition des 5 Étoiles, une présence encombrante qui empêche les Dem de récupérer l’espace qui leur est propre, celui du bipolarisme.
Donc, lorsque nous avons écrit le cirque signifiait ceci : des jeux de pouvoir faits et pensés sur la peau des classes ouvrières, qui vont payer cher. Il suffit de regarder la journée d’aujourd’hui : le spread entre BTP et BUND qui s’est creusé depuis ce matin, la manœuvre économique de fin d’année à laquelle personne ne veut prêter son visage (Salvini d’abord, préférant ouvrir une crise !), l’augmentation de la TVA à 25% aux guichets…
Si tel est le tableau et que ce sont les acteurs, il faut s’attendre à ce qu’aucune solution à la crise
gouvernementale n’aille dans la direction que nous souhaitons, utile à tous les citoyens, qu’ils se rendent aux urnes ou non.
Un gouvernement PD-M5S pourrait-il aujourd’hui être meilleur qu’un gouvernement de centre-droit avec une traction salvinienne pour ce qui est de maintenir la structure des institutions démocratiques ? Ce serait peut-être sur le plan formel, du moins en ce qui concerne le respect des libertés civiles et politiques, mais il n’est pas nécessaire d’en être certain. Les contre-réformes constitutionnelles de ces décennies sont nées dans la maison du PD, qui est aussi la maison de Minniti. Ce qui est certain, c’est que d’un point de vue social, rien ne changerait, étant donné la contiguïté absolue entre le centre-droit et le centre-gauche en termes de politiques fiscales et industrielles parasites, de protection du travail, de privatisation, de réductions des dépenses scolaires et sociales. Au contraire : un gouvernement de régence PD, comme cela s’est déjà produit dans le passé, risque aujourd’hui d’amplifier encore plus le succès de Salvini, qui jouera pour faire entendre sa voix contre les mesures de ceux qui prendront en charge la Loi Budgetaire “des larmes et du sang”, l’augmentation de la TVA, la compatibilité avec les paramètres européens pour tomber dans les “trous budgétaires” laissés par ce même Salvini !
Alors, qu’est-ce qu’on fait ?
Il n’y a pas besoin d’être déprimé ou de se plaindre, pas besoin d’être encore une fois soumis au chantage par la logique du “moindre mal”. Nous devons nous organiser, être courageux, sans peur. Et pour chérir ce que nous avons appris au cours de ces mois.
Tout d’abord, il faut partir de la conscience que la tâche du Mouvement 5 Étoiles était de capter l’espoir d’une transformation, de désamorcer d’éventuels conflits et de déplacer une grande partie de “son bloc social” vers la droite, le donnant à la Ligue. Ces derniers mois, la nature idéologique du Mouvement 5 Étoiles s’est révélée : il s’agit d’un mouvement idéologiquement quelconque et réactionnaire, prêt à jouer un rôle de médiateur sur tout afin de rester au gouvernement. C’est quelque chose que nous avions senti dès le début, et c’est parmi ceux qui nous ont amenés à créer Potere al Popolo, précisément parce que nous n’étions pas complices, pour offrir une alternative à un désastre annoncé.
La réalité est que depuis le 4 mars, le M5S a été complètement aspiré par l’alliance avec ceux qui avaient un projet beaucoup plus fort, esquissé, structuré.
Le Parlement a manqué de toute forme d’opposition qui rassemblerait les revendications des luttes des mouvements sociaux, de toute lecture qui pousserait “de gauche” les camps sur le terrain, et tout a été réduit à la fausse opposition au PD libéral.
Ce qui a manqué cette année et demie, c’est ce que nous devons construire en priorité absolue. Nous devons nous doter d’un mégaphone qui permettra de peser, également dans le cadre institutionnel, les exigences des mouvements conflictuels qui vivent sur leur propre peau les inégalités les plus profondes de la société italienne. D’autres choses ne seraient pas utiles, ni pour être témoins ni pour devenir des satellites du pôle PD.
La véritable opposition naîtra entre les rues, entre les forces vives du pays, et nous consacrerons toute
notre énergie pour la construire et la renforcer, pour devenir un outil utile, avec les Maisons du Peuple,
l’activité mutuelle, les conflits sociaux, la présence dans les batailles des travailleurs, les initiatives que nous avons déjà mises en place et que nous allons prolonger indépendamment des tours des élections.
Il n’y a pas d’autre moyen d’éviter – vraiment ! – que notre pays souffre d’une dérive autoritaire, non
seulement au niveau des institutions et du cadre juridique et réglementaire, mais aussi au niveau des
relations sociales. Nous devons construire une représentation indépendante des luttes et des conflits qui seront ressentis dans tout le reste de l’organe politique, qui sera candidat pour diriger notre pays au nom de la justice sociale.
C’est dans cet esprit que, pour ce faire, si nous allions aux élections, nous serions là, pour faire entendre notre voix, en essayant de parler à ceux qui ne votent plus, à ceux qui se sentent trahis, à ceux qui n’ont jamais eu d’espoir, aux travailleurs exploités, aux jeunes désillusionnés, aux femmes qui se sentent toujours plus seules, à ceux qui luttent. C’est à nous, à tous ceux qui n’ont pas l’intention de rentrer chez eux, à ceux qui n’ont pas vendu au plus offrant, à ceux qui mettent sur leurs épaules les petites batailles quotidiennes qui améliorent nos territoires, la tâche d’être une ressource collective, ouverte à ceux qui veulent transformer ce qui est et ne peut être suffisant.
C’est pourquoi nous donnons rendez-vous à tous ceux qui veulent adhérer, qui veulent contribuer et
organiser ensemble, le Camping National prévu du 28 août au 1er septembre à Isola Capo Rizzuto.
Traduction en français du communiqué :
La crisi di governo e quello che ci aspetta: Potere al Popolo ci sarà!