Emmanuel Macron aura donc choisi le 20 janvier lendemain de la grande mobilisation pour le retrait de sa contre réforme sur les retraites pour présenter la loi de programmation militaire. C’est une provocation de plus, tant les sommes mises en jeu sont considérables.
Les lois de programmation militaire sont adoptées et ont pour fonction la planification des dépenses militaires du pays sur une période de 5 ans. Il existe bien une loi de planification des dépense publiques pour tenter d’aller vers l’équilibre budgétaire (réduction de déficits) mais il n’existe aucune loi des programmations de dépenses de Santé ou d’Éducation qui permettraient de travailler sur la mise en place de projets de moyen ou long terme (et il y en aurait pourtant grandement besoin !) – il n’y a que la Défense et les armées qui ont ce « privilège ».
La particularité de cette loi 2024-2030 est l’augmentation considérable des dépenses : 413 milliards contre 293 milliards pour la précédente 2019-2025 soit près de 41% d’augmentation. Le premier quinquennat avait déjà été marqué par une augmentation des dépenses militaires qui atteignent dorénavant 2% du PIB – à titre indicatif, le budget annuel de l’Éducation Nationale est de 56 milliards, celui des armées de 41 milliards. Cette tendance a une forte augmentation des dépenses militaires est constatée partout dans le monde : en 2021, plus de 2000 milliards de dollars (dans les années 1980, ces dépenses avoisinaient les 1500 milliards en prix et taux de change comparables, d’après le SIPRI – Stockolm International Peace Recherch Institute) et a précédé la guerre d’agression de Poutine contre l’Ukraine.
Il faut beaucoup de cynisme pour s’engager ainsi dans ce nouvel épisode de la course aux armements alors que dans le même temps, le gouvernement s’en prend aux salarié-e-s et aux retraité-e-s pour équilibrer le régime des retraites. Il faut aussi beaucoup d’incohérence car, de plus celui-ci prétend combattre l’inflation « pied à pied » alors qu’il sait pertinemment que les dépenses militaires sont très inflationnistes.
Les ressorts de cette fuite en avant sont liées à la place de l’industrie d’armements dans le pays : en 2021 : dans un marché mondial en pleine expansion, la France est devenue en 2021 le 3ème exportateur d’armes au monde (pour plus de 11 milliards de vente et pour 25 milliards de contrats passés– entre 2012 et 2021 près de 92 milliards de matériels vendus) d’avions, frégates ; le quinté des heureux gagnants étant les sympathiques régimes de l’Égypte, l’Inde, le Qatar, l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis. Qu’importe la morale, Safran, Dassault, Thalès peuvent se frotter les mais ! Vendre des matériels aussi coûteux et sophistiqués ne peut se faire que si au préalable les armées françaises en sont équipées, voir expérimentent sur le terrain lors d’opérations extérieures. On sait peu de choses pour le moment sur le contenu précis de ces sommes pharaoniques mais il est dores et déjà indiqué que la modernisation et le renforcement du triple arsenal nucléaire français (terrestre, aérien et maritime) vont coûter très cher (sous marin nucléaires, porte avion, etc…) ainsi que l’augmentation du budget consacré aux forces spéciales ainsi que celui alloué à l’armement « cyber »
Cette politique doit être combattue par la gauche, le mouvement social car elle fait prendre un risque considérable à l’humanité (un de plus avec le risque climatique), car ce sont les salarié-e-s qui payent cette course aux arguments qui implique austérité et inflation. Nous comptons lors des discussions parlementaires sur cette loi sur le groupe des député-e-s NUPES et FI pour batailler, mettre en garde et alerter l’opinion sur les dangers de cette fuite en avant.
Bernard Galin