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Le chemin de la victoire est ouvert. Avec la Nupes, traçons la route !

Copyright : Photothèque Rouge /Martin Noda / Hans Lucas

C’est une claque. Magistrale. Emmanuel Macron et le gouvernement ont dû prendre acte de l’impossibilité de trouver une majorité à l’Assemblée nationale autour de leur funeste projet de loi sur les retraites. Les chantages et les menaces n’auront pas réussi à faire basculer les députés LR récalcitrants. Au lieu d’en prendre acte et d’entendre l’écrasante majorité des Français, le Président et Elisabeth Borne ont décidé de passer en force avec un énième 49.3. L’entêtement dogmatique plutôt que la démocratie. L’affirmation d’une toute-puissance plutôt qu’un vote au Parlement. L’écrasement de la volonté du peuple français plutôt que de perdre une bataille. La méthode, d’une brutalité insensée, a immédiatement soulevé une vague de mobilisation spontanée place de la Concorde et partout dans le pays. L’intersyndicale, toujours unie, n’a pas perdu de temps pour annoncer des rendez-vous locaux ce weed-end ainsi qu’une date de grève et manifestation le jeudi 23. L’envie de se mettre en mouvement, vite, fort se propage. Avec une réplique massive, intense, déterminée, la victoire est à notre portée.

Notre force, c’est le nombre

Le nombre dans les rues, les Assemblées générales, les blocages des usines ou des facs est déterminant. Notre défi, c’est de faire sauter un dernier verrou : le fatalisme. Avec une difficulté, comme une épine dans le pied : l’inflation et les salaires en berne. Une journée de grève pour la majeure partie des salariés, c’est 70, 80, 100 euros. Un effort considérable quand on sait que les prix de l’alimentation, de l’énergie ou encore des charges locatives ont explosé et que les salaires, eux, n’ont pas été indexés sur cette inflation. C’est l’une des raisons essentielles pour laquelle les Français peuvent être plus de 7 sur 10 à rejeter la contre-réforme des retraites sans suivre à proportion les grèves et manifestations. Les caisses de solidarité constituent un évident levier. Il faut le combiner avec l’esprit de contagion sur l’intérêt de la lutte : l’espoir de gagner. Car la conviction est aujourd’hui trop répandue que nous ne pouvons pas gagner face à un pouvoir qui n’écoute rien et agit par le coup de force permanent. Or il n’y a pas de fatalité à subir des politiques néolibérales et leur corollaire, des méthodes anti-démocratiques. Aujourd’hui en France, nous touchons le fond : un 49.3 tous les 28 jours depuis le début du nouveau quinquennat Macron et un projet de grande régression sociale imposé sans assentiment ni des Français, ni d’aucun syndicat, ni du Parlement. Le pire de la Ve République est mis au service d’un massacre de la démocratie. Avec ce régime présidentialiste, le pouvoir d’un seul homme peut s’imposer à tous. Sauf si nous l’obligeons à céder ! Notre force, c’est le nombre.

L’un des faits marquants de la séquence, c’est qu’Emmanuel Macron et les siens semblent au fond valider la méthode violente pour les faire reculer. Sous couvert d’anonymat, un macroniste déclarait qu’il faudrait un mort pour qu’ils renoncent. Un propos terriblement symptomatique. D’ailleurs, chacun peut observer ce fait inquiétant : quand des millions de gens manifestent pacifiquement dans les rues, le pouvoir reste sourd et inerte mais quand des gilets jaunes s’en prennent violemment à l’Arc de Triomphe, quelques milliards d’euros sont mis sur la table, ce qui me rappelle les 10 milliards de l’ANRU – rénovation urbaine – obtenus après des banlieues en feu en 2005 là où les pétitions, manifestations en nombre ne permettaient pas d’obtenir gain de cause. La violence, les émeutes ne peuvent pas être la solution aux crises que nous traversons, ni même une méthode efficace pour changer de cap (1). Mais le pouvoir se fait pyromane.

Fait grave : le dysfonctionnement démocratique qui s’installe en France depuis au moins deux décennies a contribué à délégitimer les syndicats et les grèves puisque les gouvernants ont dénié leur capacité à peser sur les décisions. C’est la démocratie sociale qui s’est trouvée piétinée. J’invite à lire la passionnante tribune d’Alain Supiot dans Le Monde à ce sujet (2). Au XXe siècle, la démocratie sociale a été confortée dans notre République parce que nous avons pris acte des insuffisances de la démocratie élective, notamment parce qu’elle ne reflète pas la diversité sociale mais valorise les catégories dominantes. La voici durement attaquée par des gouvernants qui s’en prennent désormais tout aussi abruptement au pouvoir des parlementaires.

Censurer le gouvernement

Nous entrons dans une crise de régime. Un tel écart entre la volonté des Français et les choix du pouvoir, un tel piétinement de tous les espaces de participation aux décisions ne peut pas tenir durablement. En démocratie, et particulièrement en France, il n’est pas pensable, possible de gouverner contre le peuple. La période que nous traversons est d’une instabilité totale. C’est pourquoi nous, militants et sympathisants, dirigeants politiques et élu.es de la Nupes, et singulièrement de la France Insoumise qui en est le fer de lance, devons affirmer la voie politique, celle qui permettra une issue émancipatrice à cette situation aussi invraisemblable que menaçante.

Assurément et fortement, nous devons d’abord appeler à la mobilisation sociale, la soutenir, y participer. On ne le dira jamais assez, c’est le maillon essentiel pour l’emporter contre la réforme des retraites. Je veux ici saluer l’intersyndicale qui a réussi à mobiliser des millions de personnes, mettant y compris la pression sur les parlementaires jusqu’à la majorité introuvable. L’ampleur du mouvement est historique, et l’union constitue l’une des clés de cette réussite.

Nous devons dans le même temps mobiliser tous les outils institutionnels pour empêcher le coup de force permanent du gouvernement. La motion de censure pour commencer, en cherchant à ce qu’elle obtienne le maximum de suffrages. C’est pourquoi nous nous associons au groupe Liot pour rassembler largement des députés qui, s’ils ont des projets de société différents voire opposés, partagent un objectif immédiat : contester la méthode inacceptable du gouvernement qui n’a plus de légitimité pour gouverner. Elle devrait être débattue dans les jours qui viennent, dimanche ou lundi. Il revient à LR de prendre ses responsabilités, d’entendre les 71% de Français qui sont favorables à la censure du gouvernement. Incapable de construire des majorités et écrasant la moindre contestation, le gouvernement a perdu toute légitimité. Retourner aux urnes par une dissolution a été présenté par Emmanuel Macron comme une menace sur les députés LR, et non comme une issue démocratique à la crise actuelle ! Or, en dernière instance, le peuple doit rester souverain. Nous ne devons jamais avoir peur de retourner devant les électeurs-trices. Et la Nupes doit se tenir prête.

À plus long terme, si nous n’avons pas fait chuter la macronie d’ici là, nous avons un autre levier à actionner immédiatement : le RIP, Referendum d’initiative partagée. C’est une procédure enclenchée par des parlementaires sur un sujet précis – en l’occurrence l’âge de départ à la retraite. Sous couvert de validation par le Conseil constitutionnel, le RIP vise à recueillir 4,7 millions de signatures, seuil permettant de déclencher un referendum dans le pays. Les députés de la Nupes ont décidé de se lancer dans cette démarche qui a le mérite de nous tourner vers les citoyennes et citoyens et qui est susceptible de recueillir l’engagement des syndicats, eux qui se disent, dans une déclaration commune, favorables à la « consultation citoyenne ». Je rappelle que le RIP contre la privatisation d’ADP avait recueilli plus d’1 million de signatures. À la condition de s’y engager sérieusement, on peut donc imaginer relever le pari du haut seuil requis tant l’enjeu des retraites est populaire et touche au cœur de nos vies. Ces démarches institutionnelles ne peuvent venir qu’en complémentarité du combat social, et non pas pour s’y substituer. Il faut tenir les différents bouts de la chaine de mobilisation, en faisant feu – pacifiquement – de tout bois.

Faire de la politique, avec la Nupes

Ne perdons pas de vue un enjeu capital : notre responsabilité politique est de rendre clair et crédible le chemin pour gagner et gouverner. Si notre voix compte pour mobiliser sur le terrain social, c’est sans doute d’abord dans notre capacité à faire vivre l’espoir d’une alternative politique. On se mobilise d’autant plus et d’autant mieux que l’on perçoit une perspective tangible, une espérance. Je l’ai dit et je le redis : au regard de la tripolarisation du champ politique, le rassemblement Nupes est le véhicule qui peut nous permettre de l’emporter. Je n’en vois pas d’autres. Lui donner toujours plus de corps et de chair, de densité et de crédibilité me paraît une tâche première dans la séquence. Je constate d’ailleurs que les meetings Nupes partout en France sur les retraites ont suscité un engouement et participé de la mobilisation générale. Nous devons renforcer ces cadres d’initiative commune. Nous devons porter la voie critique face aux régressions sociales, au néolibéralisme, au productivisme et celle de l’élévation des droits et protections, du partage des richesses et de la mise en commun. Nous devons également faire entendre bien plus fort l’exigence démocratique, en affirmant que seule une nouvelle République, débarrassée de la monarchie présidentielle, peut permettre de nouer un lien de confiance entre les citoyen.nes et les institutions, les gouvernants. La crise sociale se combine à la crise démocratique. C’est pourquoi nous devons apporter des réponses sociales et démocratiques. Notre tâche est de valoriser la voie chorale de la Nupes, celle qui dessine cette alternative de progrès humains.

J’insiste sur ce travail politique parce qu’il ne suffit pas d’appeler à la mobilisation sociale pour engranger politiquement dans une période où nous sommes en phase avec le mouvement – de nombreuses enquêtes d’opinion l’indiquent. (3) Et parce que la course contre la montre avec le RN est plus que jamais enclenchée face à la défaite en rase campagne de la macronie. Il n’est pas question de la perdre. Nous devons et nous pouvons gagner.

Clémentine Autain